Le procureur de Paris a ouvert une enquête après la diffusion d’un reportage de M6 sur des dîners clandestins. Après avoir affirmé que des ministres y participaient, l’organisateur s’est finalement rétracté.
Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur des affirmations compromettantes concernant des dîners mondains qui seraient organisés à Paris en pleine pandémie. Le procureur de la République a annoncé dimanche en fin de journée avoir saisi «la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne d’une enquête des chefs de mise en danger d’autrui et de travail dissimulé», afin de «vérifier si des soirées ont été organisées en méconnaissance des règles sanitaires et de déterminer quels en ont été les éventuels organisateurs et participants».
Cette enquête fait suite à un reportage de M6 partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux depuis sa diffusion par la chaîne, vendredi. Dans ce reportage, un organisateur anonyme de dîners clandestins de luxe à Paris déclare avoir «dîné cette semaine» avec «un certain nombres de ministres» dans «deux ou trois» restaurants «clandestins», au mépris des restrictions en vigueur face à l’épidémie de Covid-19. Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du «Palais Vivienne», situé dans le centre de Paris, a implicitement reconnu être cette source, dimanche soir en reniant ses propos à travers un communiqué. Il a plaidé qu’il faisait seulement de «l’humour» et maniait «le sens de l’absurde», quand il avait assuré que des ministres participaient à de tels repas. Mais pour Gérald Darmanin, qui a demandé dimanche au préfet de police de Paris de «vérifier l’exactitude des faits rapportés», si ceux-ci ont bien eu lieu, ils méritent des poursuites contre les «organisateurs» et les «participants» de ces soirées. Des révélations qui interviennent alors que les restaurateurs maintiennent leurs établissements fermés dans l’Hexagone depuis le 30 octobre dernier. Dans le reportage diffusé sur M6, des images de l’une de ses soirées payantes montrent plusieurs dizaines de convives présents, ne respectant pas les gestes barrières. Des plans tournés en caméra cachée dans un autre lieu, un «restaurant clandestin situé dans les beaux quartiers», mettent en évidence des participants et des serveurs sans masques.
Caviar, champagne, menus de grands chefs et retrait du masque obligatoire…Nos journalistes ont pu pénétrer dans ces fêtes clandestines de haut standing qui se tiennent actuellement à Paris.
🎥@frvignolle Armelle Mehani et @CyrielleStadler en exclusivité pour le 📺#19h45 pic.twitter.com/ClXpIWrVwZ— M6info (@m6info) April 2, 2021
Pas de «passe-droit»
La ministre déléguée à l’Intérieur Marlène Schiappa a souhaité envoyer un avertissement similaire. «Si des ministres ou des députés» ont participé à des soirées illégales, «il faut qu’ils soient pénalisés comme n’importe quel citoyen», en écopant d’«amendes», a estimé la ministre déléguée à la Citoyenneté dans «Le Grand Rendez-vous Europe 1-Les Échos-CNews» – une contravention de 135 euros est prévue a minima pour participation à une «réunion interdite» sous état d’urgence sanitaire. La Marcheuse réclame même la démission de ministres si certains étaient incriminés : «cela va de soi», a-t-elle répondu sur Twitter à un internaute qui affirmait qu’ils devraient alors «dégager».
Dans les rangs du gouvernement, Bruno Le Maire doute de la véracité des faits avancés par l’organisateur de dîners illégaux. «Je serais curieux que ce restaurateur donne le nom des ministres», a avancé dans «Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI» le ministre de l’Économie, «convaincu» qu’aucun membre de l’exécutif n’y a pris part. «Tous les ministres, sans exception, respectent la règle, aucun n’estime avoir droit à quelque passe-droit que ce soit», a-t-il insisté. Mêmes dénégations exprimées par le porte-parole du gouvernement. Gabriel Attal «ne croi(t) pas une seule seconde» à la participation de ministres à de telles soirées, insistant sur le «devoir d’exemplarité» des responsables politiques.