Du 15 février au 15 mars 2023, les personnes, qui ont été tirés au sort à l’occasion des prochains Jeux Olympiques de Paris, peuvent acheter des billets à des prix qui frôlent parfois l’indécence.

Chaque jour, le programme des Jeux Olympiques de Paris 2024 se précisent. Du 15 février au 15 mars, les fans d’exploits sportifs pourront planifier les événements auxquels ils souhaitent assister, du 26 juillet au 11 août. Lors de cette première phase, 3 millions de sésames sont en vente et 80 % des sessions parmi les sports inscrits aux Jeux olympiques (JO) – sauf le surf à Tahiti, qui n’aura pas de spectateurs – sont ouvertes à la billetterie, rappelle le journal Le Monde.
Les ventes à l’unité auront lieu dès le 11 mai, selon le même principe du tirage au sort préalable, en même temps que seront proposées les places pour les compétitions les plus recherchées (finales de basket, des 100 mètres d’athlétisme et de natation, pour lesquelles les prix pourront s’envoler jusqu’à 990 euros) et celles pour la cérémonie d’ouverture (jusqu’à près de 3 000 euros pour les particuliers). La billetterie pour les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre) sera, elle, ouverte à l’automne 2023, sans tirage au sort. Au total, près de 13,5 millions de billets – 10 millions pour les JO et 3,5 millions pour les Jeux paralympiques – seront mis en vente.
A une semaine de la clôture des inscriptions pour le tirage au sort de la première phase (le 31 janvier), le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) d’été 2024 se félicitait d’avoir plus de 2,5 millions de personnes enregistrées, françaises pour près des trois quarts. Peu de promotion a été faite à l’international, expliquait alors le Cojop, la clientèle étrangère se montrant généralement plus intéressée par les phases finales des compétitions, beaucoup plus lucratives pour les organisateurs.
Ces 2,5 millions de personnes ne pourront pas toutes être satisfaites, quand bien même les membres d’une même famille pouvaient s’enregistrer sous plusieurs comptes. Avec le système de packs, il est possible d’acheter de trois à trente billets : ce sont donc entre 100 000 et 1 million de personnes qui seront servies lors de cette phase.
Un million de billets à 24 euros
Franchiront-elles seulement le pas quand elles verront le prix affiché pour certaines sessions olympiques ? Selon une information de nos confrères du Monde, il faudra compter, par exemple, jusqu’à 690 euros en catégorie A au Stade de France pour des qualifications en athlétisme et la finale du 10 000 mètres, le 2 août ; 160 euros pour un seul match de basket masculin en phase de groupe le 27 juillet à Lille (celui de la France ou des Etats-Unis) ou encore 260 euros pour environ deux heures de qualifications en gymnastique artistique, les 27 et 28 juillet à l’Accor Arena de Paris-Bercy. Les tarifs en natation marathon, en plongeon ou en handball, pour ne citer que quelques exemples, sont à l’avenant.
De belles sommes, surtout quand le Cojop promet depuis des mois une billetterie « accessible » et « populaire ». Les organisateurs font valoir que les places les plus chères permettent de financer les sièges les plus abordables. Ils rappellent également qu’un million de billets pour les JO (10 % du total) sont en vente à 24 euros (500 000 à 15 euros pour les Jeux paralympiques, sur 3,4 millions au total) et que la moitié des tickets ne dépassent pas 50 euros (25 euros pour les Jeux paralympiques).
Après tout, il en coûtera 216 euros au minimum pour voir le XV tricolore aux meilleures places lors de la prochaine Coupe du monde de rugby, en France, du 8 septembre au 28 octobre. Mais « seulement » 75 euros la journée sur le court Philippe-Chatrier pour le premier tour de Roland-Garros.
Toutefois, si l’on compare la grille tarifaire appliquée pour les JO 2024 à celles des éditions précédentes comme Rio 2016 ou Londres 2012 (Tokyo s’est déroulé dans un quasi-huis clos à cause du Covid-19), il apparaît assez clairement que les billets des Jeux de Paris figurent dans la fourchette haute. Si le prix d’entrée à Londres était fixé à 23 euros, les qualifications de handball ou encore d’escrime coûtaient au moins deux fois moins cher pour une même catégorie – respectivement 57 et 73 euros contre 140 et 150 euros.
Paris 2024 : les épreuves olympiques disposeront de places à 24 euros, pour qui ?
Paris 2024 avance que toutes les épreuves olympiques disposeront de places à 24 euros, même pour les disciplines les plus recherchées. Il s’agira en l’occurrence de sièges tout en haut des tribunes d’enceintes sportives n’offrant pas la visibilité optimale – mais l’expérience spectateur est à ce prix.
Parmi ce million de billets à 24 euros, la moitié échappe au grand public car sont réservés par l’Etat et les différentes collectivités locales parties prenantes des JO 2024 pour de la billetterie solidaire (jeunes de moins de 16 ans, bénévoles dans le sport, personnes en situation de handicap, etc.). Avec les 500 000 billets des Jeux paralympiques, c’est un volume total d’un million de billets qui aura une vocation sociale, souligne le Cojop, qui a annoncé fin janvier « avoir financé intégralement » 100 000 entrées pour les plus défavorisés, en partenariat avec le Secours populaire.
Mais le comité organisateur n’a pas tout à fait les coudées franches sur la billetterie. Les ajustements dans la carte des sites olympiques lui ont coûté cher, il faut la rentabiliser. L’ambition qu’il affiche pour les cérémonies d’ouverture olympique et paralympique s’annonce par ailleurs onéreuse. Et puis, les surcoûts liés à l’inflation ont déjà contraint le Cojop à allonger son budget de 400 millions d’euros en décembre.
Paris 2024 espère désormais 1,24 milliard d’euros (hors « hospitalités », soit la vente de billets couplés avec d’autres prestations) de la billetterie (+ 11,5 %) – dont 109 millions pour la seule cérémonie olympique le long de la Seine –, qui compose un tiers de son budget total, comme la contribution du Comité international olympique et les accords de sponsoring. La Cour des comptes avait émis des réserves début janvier sur la « certitude » de ces recettes. Alors, pas question pour Paris 2024 de renoncer à des gains juteux qui pourraient lui permettre de boucler son budget.