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De l’abstraction à l’Outrenoir, Soulages

La rédaction by La rédaction
31 octobre 2022
Reading Time: 8 mins read
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Peinture, gravure, lithographie, avec du brou de noix ou du bitume, il a décliné sur tous les supports son obsession du noir qui révélait la lumière. Il est mort à 102 ans à l’hôpital de Nîmes.

© DR

Le peintre français Pierre Soulages est mort mardi soir à 102 ans à l’hôpital de Nîmes, a-t-on appris mercredi auprès d’Alfred Pacquement, ami de longue date du peintre et président du musée qui porte son nom à Rodez (Aveyron). Une longue silhouette, le haut front légèrement bombé dominant un visage à l’architecture classique, le regard ferme… Il émanait de sa personne, depuis toujours, quelque chose des mystères du Moyen Âge. Ou bien encore Pierre Soulages eût-il pu incarner l’une des hautes figures de L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel. Un Pierre de Craon, un bâtisseur. Soulages, sa haute taille toujours vêtue de noir, son visage sculpté par les années, sa force vitale stupéfiante, son orgueil de terrien, son art d’imposer un certain temps à la conversation, son amour des scientifiques, des étoiles et des grottes ornées, tout cela a constitué un monument français. Il avait été fêté comme un monument, à l’occasion de son centenaire, au Louvre et au Centre Pompidou.

Ces dernières années, qu’on lui rende visite dans son atelier parisien du 5e arrondissement (orienté plein sud !) ou qu’on aille jusqu’à sa maison de Sète, face à cette Méditerranée dont il chassait la lumière intense pour s’enfermer et peindre, il était là, immuable statue du Commandeur. Aussi petite qu’il était grand (1,90 m !), Colette, sa muse, son épouse, son ombre, son public et son sourire, était toujours à ses côtés, aussi en noir. Un couple fusionnel et joyeux. «Nous nous sommes mariés à minuit, en octobre 1942, à l’église, à Sète, alors en zone libre, hors “Pétainie”. La mariée était en noir, sous un grand chapeau noir. Moi aussi, j’étais en noir », aimait-il raconter, comme une victoire. Il y avait quelque chose de l’ordre de la cérémonie dans chaque retrouvaille avec Soulages, entre simplicité et autorité, franche bienvenue et grand oral. On était frappé par l’aristocratie d’un homme qui n’avait, toute sa vie durant, cessé de chercher.

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On ne rencontrait pas seulement le plus grand peintre du temps, mais un esprit toujours en quête de l’absolu. Cette soif l’avait saisi, enfant, devant les stèles préhistoriques du musée de Rodez, sa ville natale. Ou bien encore, à Conques, là même où des années plus tard (de 1992 à 1994) il créerait de sublimes vitraux, lorsqu’il pénétra dans l’abbatiale du XIe siècle, l’une des étapes des pèlerins de Saint-Jacques, conduit par l’un de ses professeurs. C’est là, il l’a souvent confié, que lui étaient venus la certitude de la primauté de l’art et le désir de devenir peintre. L’architecture de l’abbatiale Sainte-Foy l’impressionne, comme une vision. «C’est elle qui m’a donné le choc décisif. À ce moment-là, à l’école, on nous parlait de la maladresse touchante des chapiteaux. Moi, je trouvais cela bouleversant, et je ne me demandais pas si c’était adroit ou maladroit », dit-il à l’historien de l’art et écrivain Pierre Schneider en 1963.

Il fallut beaucoup d’obstination au jeune homme né la veille de Noël 1919, à Rodez, pour devenir ce géant de l’abstraction et de l’Outrenoir, couronné par une rétrospective triomphante à Beaubourg en 2009. Soulages est célébré aujourd’hui de New York à Shanghaï, du musée du Louvre à la foire d’Art Basel à Bâle, du Musée Fabre de Montpellier qui lui a consacré une aile au Musée Soulages de Rodez inauguré par le président Hollande en 2014. Pierre Jean Louis Germain Soulages y est né rue Combarel, la rue des artisans, du bel ouvrage, de leurs matériaux humbles et de leurs bruits familiers, le 24 décembre 1919. Son père, Amans Soulages, carrossier, meurt alors qu’il a moins de 6 ans. Élevé par une mère grave, Aglaé Zoé Julie Corp, et une sœur de quinze ans son aînée, Antoinette, qui le rêvaient médecin. Cette dernière sera sa professeur de philosophie, discipline qui est restée ancrée dans sa nature pensive. Le jeune Pierre les inquiète : il veut devenir professeur de dessin « afin de gagner sa vie et d’avoir du temps pour peindre ».

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Une publication partagée par Pierre Soulages Officiel (@pierresoulages_officiel)

L’homme du noir ressemble-t-il à sa terre ? « Il ne faut pas confondre le pays de mon enfance et le souvenir que j’en ai gardé. On oublie la part d’aveuglement d’un jeune homme qui ne veut voir autour de lui que ce qui peut l’exalter : les grands plateaux déserts, les arbres dénudés, les pierres gravées préhistoriques, les sculptures romanes, etc. ; il y a tout cela dans mon pays natal, mais aussi de charmants paysages “à la mesure humaine”, des dentelles de pierre gothique, de gracieux bas-reliefs renaissants. Je n’ai pas voulu les voir. Les choses qui m’étaient fraternelles, la terre, le vieux bois, les pierres, le fer mouillé, toutes ces choses frustes m’ont certainement marqué. Je les ai toujours préférées aux matières pures et sans vie », expliquera Soulages à l’écrivain Jean Grenier, dès 1963.

Il s’installe à Paris en 1938. Sur la route de ce grand gaillard brun, René Jaudon, son professeur de dessin qui tient un atelier privé rue de la Tombe-Issoire à Paris (14e) lui enjoint de faire les Beaux-Arts. À peine admis, en avril 1939, Pierre Soulages comprend que son chemin est ailleurs. « Après avoir vu à Paris, où j’étais pour la première fois, une exposition Cézanne et une exposition Picasso, je décidais de faire mon éducation en dehors de l’École des beaux-arts. » Il retourne à Rodez, finit de travailler son bac avec sa sœur, apprend à piloter, participe à ses premières fouilles archéologiques dans les Causses ! Première intuition puissante, première rupture.

La guerre survient. Démobilisé par l’armistice en 1940, il part pour Montpellier où il arrive le jour de la rencontre de Pétain avec Franco, le 14 février 1941. De la clameur de la foule, il comprend « du pain, du pain ! », erreur d’interprétation qui le fit rire toute sa vie. Il rencontre sa future femme, Colette, aux Beaux-Arts lors d’une dispute de jeunes autour de Picasso et l’art moderne. Pour échapper au STO (service du travail obligatoire), ce « réfractaire » devient régisseur d’un mas viticole, près de Montpellier. Il tirera de ces années-là les secrets pour broyer lui-même ses couleurs et retiendra les mots sorciers de son voisin d’alors, l’écrivain Joseph Delteil, l’ami de Chagall, de Delaunay et de Picasso. C’est lui qui, devant ses premiers tableaux montrés à la veillée, lui prédit en 1943 : « Vous peignez avec du noir et du blanc, vous prenez la peinture par les cornes, c’est-à-dire par la magie ! » Soulages lit de la poésie, d’Agrippa d’Aubigné à Mallarmé, d’Apollinaire à René Char. Lorsqu’il reçut le président Macron et son épouse chez lui à Sète en mars 2018, le peintre s’enchanta « que le chef d’État puisse continuer de mémoire les poèmes (qu’il lançait) par-dessus le lieu jaune à la sauce hollandaise ». Il aimait assez les tête-à-tête avec les rois.

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Remobilisation et démobilisation, les Soulages s’installent en 1946 à Courbevoie. Il dessine des fusains et peint des tableaux qui emprisonnent la lumière (on les a retrouvés, dans la Donation Pierrette Bloch, à la dernière exposition hommage du Centre Pompidou, en 2019). Il ne cessera de peindre, jusqu’à ces trois derniers tableaux verticaux, trois Outrenoirs réalisés la même année expressément pour le Salon carré du Louvre. La première date clé de cette vie pleine d’art et de discipline fut le 26 octobre 1947 au Salon des surindépendants, salon sans jury. Pierre Soulages voit pour la première fois une de ses toiles accrochée parmi d’autres. Hartung et sa deuxième femme, Roberta Gonzalez, ainsi que Picabia, repèrent alors la puissance sombre de Pierre Soulages. « Avec l’âge que vous avez et avec ce que vous faites, vous n’allez pas tarder à avoir beaucoup d’ennemis », ainsi le complimente par ricochets Picabia, citant feu le peintre Camille Pissarro à son encontre. D’ennemis, on ne lui en connaît guère, peut-être des indifférents, et encore.

Il y avait de l’alchimiste en lui. Plus le temps passait, plus il approfondissait sa manière. Avec un panache rare et une malice de terrien, Soulages se racontait merveilleusement. Il parlait de ses toiles immenses, d’abord travaillées à terre comme un acrobate – le brou de noix des débuts était très liquide –, de ces noirs mats ou luisants, de ces stries de coquillages qui, depuis 1979, composent son univers et occupent tout son monde de l’Outrenoir. Sa signature, selon son galeriste historique, Karsten Greve. C’est de lumière qu’il s’agit, nappant la surface même. Littéralement ce qui émane du tableau. Prédestination de ce jeu entre la matière et la lumière ? En langue d’oc « Sol agens », Soulages, signifie « soleil agissant »… À l’abstraction, ce précis préférait le terme « concret », rejetant le « geste » de l’abstraction lyrique, sa contemporaine, pour s’en tenir au travail à la fois physique et monacal, à une peinture ne renvoyant qu’à la peinture même, tel Mallarmé cherchant « le Livre ».

Aujourd’hui, Soulages a son Musée Soulages à Rodez qu’il a bien doté et qui lui ressemble. Grâce aux trois Catalans Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta de l’agence RCR Arquitectes qui l’ont intuitivement traduit en volumes et en pénombres. Et grâce à son conservateur, Benoît Decron, qui a su écouter son grand homme et le faire valoir magnifiquement dans ses galeries d’acier. On y retrouve toutes les facettes d’un grand artiste. La gravure poussée au-delà de ses limites avec ces bruns dorés, ces bleus confondants. La Bibliothèque nationale de France en témoigna en 2003, la pionnière Galerie de France dès 1974. Un souci de la matière qui lui fit trouer le cuivre et faire, des plaques mêmes, des œuvres aussi abstraites que sensuelles. « Ce jour-là, la planche s’est trouée. Cela a beaucoup fait rire l’imprimeur, Roger Lacourière. Et moi, un peu par dépit, un peu par curiosité, j’ai imprimé avec le trou que j’avais fait et je me suis aperçu alors d’une chose formidable que je n’avais pas prévue. Là où le cuivre est troué, le papier est épargné, il garde sa vie de papier, et j’ai trouvé cela magnifique. Mais ce n’était plus le même blanc : à cause du gaufrage il avait un relief et une vie, et à cause des contrastes avec les couleurs environnantes, il paraissait encore plus blanc », confia-t-il à son cher ami, Pierre Encrevé, disparu le 13 février 2019 à 79 ans, exégète de son « Œuvre au noir ».

Peinture, gravure, lithographie, Soulages laisse une œuvre pleine, lui qui parlait de « poétique picturale », et même, d’« ellipse poétique ». Après les brous de noix sur papier, les bitumes sur verre, il en était venu, à la matière peinture. Trente ans après ses débuts, à partir de 1979, il s’est attaché aux « monopigmentaires » – qui ne sont pas des monochromes –, ces Outrenoirs striés à la brosse, à la lame. La lumière transfigure et révèle le blanc éblouissant, le gris, l’argenté. Pierre Soulages ne se contentait pas de la pure matérialité de la toile. Il le répéta jusqu’aux derniers jours : un tableau n’existe que par le regard de qui le contemple ; il faut à ce dialogue le tiers inclus qu’est l’artiste lui-même. Trinité divine pour peinture spirituelle. Jeu, surtout, car cet homme d’apparence austère mais capable de disserter sur la vigne, Saint-John Perse, les arbres, le rugby et l’astronomie, cet homme aimable n’oublia jamais que son métier de vivre tenait de l’enfance ses plus belles vertus.

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