Après deux années sous Covid, la rentrée des étudiants s’annonce une nouvelle fois tendue en raison de la hausse des coûts liés à l’inflation et la crise énergétique. Avec la menace de fermeture des universités qui ne pourront pas régler les factures.
Après deux années marquées par les cours à distance en raison du Covid et l’abandon de certains étudiants, la rentrée universitaire 2022 s’annonce une nouvelle fois tendue.
Si la rentrée universitaire s’effectue « de manière plus sereine que les deux dernières », « cela ne doit pas masquer les problématiques financières des universités: avec la hausse des coûts liés à l’inflation, la crise énergétique, on craint que l’on nous demande de puiser dans nos fonds de roulement, à la base destinés à l’investissement immobilier », décrit à Quotidien Libre Mathias Bernard, président de l’université de Clermont-Ferrand.
« Sans parler du gros problème de bâti: la plupart des universités sont de véritables passoires énergétiques, cela va poser problème cet hiver », prévient Mathias Bernard, espérant « ne pas arriver à une fermeture de certains établissements, désastreuse pédagogiquement ».
« De nombreux budgets dans les universités font face à surcoûts de 2 à 6 millions d’euros, alors comment ces établissements vont-ils, sans aide de l’Etat, pouvoir payer les coûts supplémentaires liés à l’inflation et aux factures d’énergie qui vont exploser durant l’hiver? », s’interroge Anne Roger, secrétaire générale du syndicat Snesup-FSU.
Manque de places, réforme des bourses
Autre sujet d’inquiétude : le manque de places dans les universités. « Il manque près de 100.000 places », « on le dit chaque année mais la question des formations et de l’accueil des étudiants nous inquiète en cette rentrée qui est encore plus particulièrement tendue », nous a expliqué le Snesup-FSU.
Selon Anne Roger, « il manque près de 100.000 places dans les formations supérieures publiques, pour permettre aux bacheliers de pouvoir s’inscrire dans la formation de leur choix. Malheureusement, la non-hiérarchisation des vœux sur Parcoursup empêche de faire un vrai bilan », souligne-t-elle.
Cette rentrée est aussi touchée par la réalité de la précarité étudiante. Les syndicats étudiants dénoncent une flambée du coût de la vie étudiante pour l’année à venir. Pour pallier ces difficultés, le gouvernement a annoncé cet été la revalorisation des bourses sur critères sociaux de 4% et des aides au logement de 3,5%, ainsi que le prolongement du ticket restaurant universitaire à 1 euro pour les étudiants les plus précaires.
Cette rentrée 2022 sera également l’occasion pour le gouvernement de s’attaquer au dossier sensible de la réforme des bourses. Jusqu’ici, le système d’allocation des bourses se fait sur critères sociaux, géré depuis 1995 par les 26 centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous).
Une concertation pilotée par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, qui tient jeudi sa conférence de presse de rentrée, doit s’ouvrir prochainement afin de redéfinir les aides financières pour l’accès aux études supérieures. Plusieurs syndicats étudiants réclament la création d’une allocation universelle d’études.