Une dizaine de départements français ont d’ores et déjà annoncé refuser le passage de la mythique flamme olympique prévu trois mois avant les Jeux olympiques de Paris en 2024. La raison: la somme exorbitante à dépenser pour organiser l’accueil de la flamme.
Cela fait partie des évènements incontournables des prochains Jeux olympiques à Paris : le Tour de France de la flamme olympique avec un relais dans tous les départements de métropole et d’outre-mer juste avant le coup d’envoi de la compétition. Sauf que les Vosges, la Meurthe-et-Moselle, l’Indre-et-Loire, le Lot-et-Garonne, la Creuse, la Haute-Loire et la Haute-Vienne, la Loire-Atlantique, les Côtes-d’Armor et l’Orne n’en veulent pas à cause du chèque demandé par les organisateurs. Pour accueillir la flamme, chaque département doit débourser une sacrée somme: 150.000 euros, 180.000 avec les taxes.
« Je suis tombée de ma chaise ! »
En découvrant la somme à débourser pour le passage de la flamme, plusieurs présidents et présidentes de départements n’en n’ont pas cru leurs yeux. « Je suis tombée de ma chaise ! » raconte Sylvie Giner, la vice-présidente du département d’Indre-et-Loire, en charge du Sport et de la Culture sur France Bleu Touraine.
Un montant exorbitant difficile à assumer auprès des habitants du département et des associations sportives en grande difficulté: « Si l’administré lambda apprend qu’on paye 150.000 euros uniquement pour le passage de la flamme, c’est juste impossible ! » On est du même avis en Haute-Loire: « Le problème ce n’est pas le passage de la flamme mais le montant qui est demandé », explique Brigitte Renaud, vice-présidente du conseil département de Haute-Loire en charge du sport, citée par France Bleu Saint-Étienne Loire. « C’est disproportionné. »
Un constat partagé à l’unanimité par tous les élus du département, lorsque le sujet a été abordé par la présidente Marie-Agnès Petit lors de l’Assemblée plénière. « On préfère soutenir ces Jeux Olympiques au travers des communes qui vont organiser des rencontres et des événements autour du sport et des JO pour les écoliers et les collégiens », confie Brigitte Renaud.
Ces 150.000 euros ont même stoppé certains départements dans leur élan comme la Creuse qui avait pour projet d’accueillir la flamme quand le comité d’organisation demandait 80.000 euros. « Mais dernièrement, on nous a demandé 150.000 euros, alors on a dit non » précise Marie-Christine Bunlon, vice-présidente du conseil départemental chargée des sports.
Un passage de la flamme furtif
L’élue creusoise dénonce aussi le temps dérisoire que la flamme aurait passé dans le département par rapport à la somme demandée : « C’était juste un passage, quelques heures sur notre territoire, avec un relais de la flamme, des enfants, des sportifs de haut niveau. Mais ce sont seulement quelques heures, pour nous ce n’est pas possible. » Marie-Christine Bunlon a même tenté de négocier avec le comité d’organisation : « J’ai demandé à ce que la somme soit au prorata du nombre d’habitants, on m’a répondu que c’était impossible, et que la somme est la même pour tous. »
En Haute-Vienne, le vice-président chargé des sports, Thierry Miguel se dit « choqué » que la même somme soit demandée à tous les départements. « Je pense à la différence de moyens qu’il peut exister entre les Hauts-de-Seine et la Creuse », a-t-il expliqué.
Un prix juste pour ce genre d’évènement, répondent les organisateurs
Michael Aloïsio le porte-parole du comité d’organisation Paris 2024, assure que c’est le prix pour mettre en place ce genre de festivités. D’après lui, cela ne couvre même pas tous les frais : « Cette somme paye une partie de ce que coûte chaque journée du passage de la flamme : c’est de la logistique, de la signalétique, des relayeurs, des animations… » énumère-t-il. « On ne demande pas aux territoires d’assurer la totalité du coût d’accueil. Ils contribuent pour partie au coût, qui est majoritairement absorbé par nos partenaires privés », précise-t-il. Le comité ajoute également que l’objectif de ce relais de la flamme puisse traverser « le maximum de territoires ». Il ambitionne d’ailleurs de faire passer la flamme par 700 villes du pays, et de faire étape dans 70 d’entre elles.
En Touraine, le président du Comité départemental olympique et sportif d’Indre-et-Loire, Alain Jahan, ne cache pas sa déception : « D’autant plus que la Touraine va être une terre d’accueil de délégations étrangères qui pourraient s’entraîner juste avant les Jeux de Paris 2024 », ajoute le président du CDOS. « Cela aura été l’occasion de faire coup double ».
« Regrettable » mais « compréhensible », réagit de son côté Jean-Yves Masson, président du Comité olympique et sportif de Haute-Loire. « Le Département est déjà engagé dans pas mal de projets dans le cadre de la préparation de ces Jeux, donc il faut faire des arbitrages. C’est dommage parce que c’est toujours un événement, mais avec ce choix du comité d’organisation des JO de Paris 2024, on est plus dans une logique économique que dans une logique sportive. »