Moins de logements sociaux ont été attribués en 2020 en raison des lenteurs administratives provoquées par la crise du Covid-19. La fondation Abbé Pierre alerte sur un risque d’explosion des expulsions en 2021.
La Fondation Abbé Pierre s’inquiète des conséquences de la crise sanitaire sur les ménages les plus modestes. « Alors que les chiffres de l’emploi annoncent une précarité économique en progression, l’impact réel de la crise ne sera visible que dans quelques mois et ses effets marqueront les années à venir », alerte l’association dans son rapport sur l’état du mal-logement en France, publié lundi 1er février. L’organisation pointe les conséquences dramatiques de la crise sanitaire : pour les plus fragiles, les effets risquent de se faire sentir longtemps.
Tous les indicateurs compilés par l’association ont viré au rouge : le Secours populaire a recensé en 2020 une hausse de 45% des demandes d’aide alimentaire par rapport à 2019, tandis que les Restos du Cœur prévoient d’accueillir plus d’un million de personnes cet hiver, contre 875.000 en 2019-2020. La pandémie de covid a non seulement créé de nouvelles situations de précarité mais aussi aggravé la situation des millions de personnes déjà pauvres et mal-logées en France, alerte lundi la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel. « Témoignant déjà de l’onde de choc provoquée par la crise sanitaire, le nombre d’allocataires du RSA a augmenté de près de 10% durant l’année 2020, passant de 1,9 million à 2,1 millions de personnes », ajoute le rapport. Les auteurs redoutent que la hausse du nombre de chômeurs attendue cette année n’aggrave encore la situation.
3500 personnes expulsées en 2020
L’apparition de ces nouveaux pauvres s’est naturellement traduite sur le front du logement, détaille la Fondation Abbé Pierre, qui explique avoir observé « dès l’automne 2020, des ménages précipités dans des procédures d’expulsion en raison d’impayés accumulés dès le premier confinement ». En 2020, 3 500 personnes ont été expulsées de leur logement, selon un rapport parlementaire publié dimanche, une baisse de 79% par rapport à 2019 due à l’extension de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet pour cause de crise sanitaire.
Les périodes de confinement ont particulièrement aggravé la situation des sans-abri, « dont les principales ressources se trouvent dans la rue et qui dépendent d’associations, souvent fragiles, pour tenir la tête hors de l’eau », explique l’association. « Il y a de nouveaux pauvres mais il ne faut pas oublier pour autant les anciens pauvres », résume Manuel Domergue, directeur des études de la fondation Abbé Pierre. De nombreuses personnes installées dans des logements petits, surpeuplés ou insalubres ont aussi vécu le confinement comme une « épreuve cruelle ». En 2020, la Fondation Abbé Pierre recensait dans le pays 4,1 millions de mal-logés, dont 300 000 sans domicile.