Depuis plusieurs jours des bombardements ont lieu dans l’Est de l’Ukraine. La situation est confuse, en proie à une propagande massive de toute part. Emmanuel Macron essaie, lui, de tirer parti du conflit et multiplie les échecs.

Alors que le président sortant, Emmanuel Macron, est revenu bredouille de Moscou, les conflits dans l’Est de l’Ukraine se sont intensifiés à grand renfort de propagande. Lundi matin, la Russie affirmait qu’un poste aux frontières avait été ciblé par un obus ukrainien. Une information démentie dans l’heure par Kiev.
Mais il n’y a pas que les acteurs qui jouent et mentent. La plupart des médias français ont eux aussi choisi leur camp. Après plusieurs semaines passées à expliquer dans presque toutes les colonnes de journaux que la Russie s’apprêtait à envahir l’Ukraine, beaucoup se plaisent à présent à parler de bombardements sur le territoire ukrainien laissant ainsi entendre que la Russie a décidé d’attaquer.
Ils oublient un peu trop facilement de préciser que les combats ont eu lieu dans une région russophone à l’Est du pays, le fameux Donbass, dont l’autonomie vis-à-vis de Kiev a été décidé par référendum en 2014 par la population qui a une nouvelle fois peur d’une guerre qui la dépasse aujourd’hui. De nombreux civils ont choisi de fuir en Russie pour échapper aux bombardements:
Mon mari m’a dit: Va-t’en. Prends les enfants et pars. Leur santé physique et psychologique est plus importante.
On a roulé depuis Horlivka, il nous a fallu presque une journée pour arriver ici. On a été bloqué longtemps à la frontière. La queue était longue, 25 kilomètres, que des voitures.
Difficile de croire que ces populations redoutent la menace de Moscou comme le laisse entendre la majorité des médias occidentaux. En effet, comme lors de la révolution de Maïdan, la presse joue un rôle digne de la Pravda. En France, certains quotidiens ont même réussi la prouesse d’expliquer que la rencontre d’Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine en Russie avait été couronnée de succès. Une vision de la situation aussi ridicule que l’humiliation subit par le président français à Moscou entre sa mise à distance lors de la discussion à table et surtout le démenti du Kremlin quelques heures après le retour à Paris.
Il faut dire qu’Emmanuel Macron aurait bien aimé profiter de cette nouvelle crise pour s’affirmer sur la scène internationale dans le rôle qu’il affectionne tant de président du Conseil de l’Union Européenne (UE). Un président de l’UE qui ne manque jamais l’occasion d’aller faire son rapport, le petit doigt sur la couture du pantalon, au chancelier allemand Olaf Scholz, dont les premiers intérêts tournent surtout autour de Nord Stream* et de l’acheminement du gaz russe en Allemagne. Un point crucial qui pourrait d’ailleurs complexifier la position de l’Allemagne face aux États-Unis et de l’OTAN, résolument opposé à Vladimir Poutine.
Mais le président de la Russie est bien loin d’être dupe. Alors que les Occidentaux – dont certains ministres de second rang d’Emmanuel Macron – annonçaient fièrement être parvenu à planifier un sommet entre Poutine et Biden, le Kremlin a démenti en considérant que c’était prématuré. Pour le Kremlin, ce sont d’abord les ministres des Affaires étrangères qui doivent entrer en discussion. Il faut dire que les dirigeants semblent mettre un peu trop d’ego et d’ambition personnelle dans ce dossier, au détriment de l’Ukraine elle-même. Ce pays d’Europe de l’Est apparaît clairement comme otage d’une politique globale qui la dépasse de loin. En témoigne la quasi-absence des échanges du président ukrainien, l’ancien comique Volodymyr Zelenski – jadis acteur principal de « Serviteur du peuple », une émission télévisée humoristique diffusée sur la chaîne 1+1.
Si les velléités de Kiev – de choisir ses alliés – ne doit pas être remis en cause, la question de l’élargissement de l’OTAN est une clé pour la Russie. En effet largement encerclée par des bases de l’OTAN, Moscou ne peut en aucun cas voir officiellement basculé Kiev du côté américain, en rejoignant l’OTAN. Une affaire qui ressemble à s’y méprendre à la crise des missiles de Cuba dans laquelle la France avait alors tenu son rôle de puissance de paix. Un rôle désormais approximatif voire inconsistant pour le pseudo-candidat à l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron
*Le Nord Stream est un système de deux gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique.
Photos publiées ce jour, signées Gabriel Gauffre, photo-journaliste actuellement correspondant à Kiev (Ukraine). Plus de renseignements ici