Alors que le vaccin Johnson & Johnson devrait rejoindre la liste des produits autorisés en France, l’argument de la balance bénéfice-risque utilisé par les autorités publiques est-il fiable ?
Nous le savons, la balance bénéfice-risque du vaccin Janssen de Johnson & Johnson est positive et l’avis de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) est favorable. Malgré la suspension de ce vaccin outre-Atlantique pour des cas de thrombose, la décision apparaît peu surprenante : l’institution avait déjà délivré une autorisation de mise sur le marché le 11 mars dernier. Mais l’aimable EMA a tout de même ajouté à sa liste des effets secondaires graves, notamment les caillots sanguins. Sans que l’on comprenne pourquoi – elle avait disparu des radars dans l’affaire du vaccin AstraZeneca totalement délégué à Bruxelles – la France doit encore valider ou non le produit par le biais de la Haute Autorité de santé. Mais après le fiasco de l’AstraZeneca dont les Français se méfient, il faut en éviter un second, à plus forte raison que le vaccin Johnson & Johnson a des avantages sur le plan logistique : il ne s’administre qu’en une seule dose et il se conserve facilement. Des avantages non négligeables pour la bande à Macron qui pédale totalement dans la semoule depuis plusieurs semaines affublée d’une campagne vaccinale oscillant entre manque de doses quand il y a des demandes et manque de demandes quand il y a des doses. Dans e second cas de figure, certains processus surprenants se mettent en place. A Cayenne (Guyane), où le variant brésilien est particulièrement bien implanté, un hypermarché propose 5 € de bon d’achat pour les personnes se faisant vacciner. Il faut souligner que l’INSEE a estimé, il y a peu, que la moitié de la population guyanaise vivait sous le seuil de pauvreté. Ceci expliquant cela ? Si le cas est isolé, ce début de marche forcée se conjugue avec l’avancée désormais claire du passeport vaccinal contre l’avis d’une bonne frange de Français. Un passeport discutable puisqu’il rendrait la vaccination obligatoire pour un bon nombre d’activités, y compris des activités banales telles que se rendre au théâtre, au cinéma ou encore dans un café, mais aussi pour son aspect sanitaire inéluctable. Comme en témoigne la décision du Conseil d’État du 1er avril dernier, la vaccination n’induira pas vraiment la fin des gestes barrières et du port du masque : les personnes vaccinés peuvent toujours transmettre le virus. C’est avéré.
Pour rappel, lesdits vaccins utilisés ne sont présentés que dans l’optique d’empêcher les formes graves, du moins pour le moment. Selon le Pr Didier Raoult, les produits qui se concentrent uniquement sur la protéine Spike du SARS-Cov2 pourraient bien devenir totalement inefficaces sur de futurs variants. Il s’en explique :
Si vous prenez une protéine qui est celle du virus présent sur le territoire français en mars et avril 2020 et que vous ne concevez un vaccin qu’avec cette protéine plutôt qu’avec le virus dans son intégralité, la chance que vous ayez une mutation dans cette protéine, qui rend résistantes les sources d’anticorps, est assez élevée en immunité.
Mais aujourd’hui cette immunité est fragilisée, puisqu’elle est basée sur peu d’acides aminés. Il s’agit juste d’une seule protéine. Avec le variant anglais qui possède plusieurs mutations dans cette protéine, le vaccin fabriqué à partir de l’analyse du premier virus ne devrait pas agir suffisamment bien.
Un élément fondamental qui vient battre en brèche la stratégie de l’exécutif qui mise tout sur une vaccination outrancière en faisant fi des traitements et de la prévention. Un choix intégralement tourné vers les vaccins qui repose aujourd’hui sur l’argument classique de la balance bénéfice-risque pour justifier les effets secondaires signalés. Les autorités considèrent que ces mêmes effets secondaires – y compris les effets graves conduisant à la mort – sont trop peu nombreux face au bienfait apporté par ces vaccins. Une façon de mesurer les « pour » et les « contre » qui peuvent s’entendre, mais si l’on observe cette balance selon les tranches d’âge, la donne est carrément différente.
Ainsi cette fameuse balance bénéfice-risque fourre-tout semble favorable quand on parle des publics susceptibles de développer des formes graves, autrement dit les personnes âgées et celles porteuses de comorbidités. Pour les autres, analysé strictement, cela reste encore à prouver. A titre d’exemple, les cas de thrombose après la vaccination à l’AstraZeneca sont survenus essentiellement chez des jeunes adultes. Ainsi des personnes ayant peu de risques de développer une forme grave du covid-19 ont subi des effets secondaires graves des vaccins; ces mêmes vaccins présentés à ce jour pour éviter ces formes graves. L’argument d’autorité de la balance bénéfice-risque n’a aucun sens au niveau collectif ; elle ne peut être observée qu’au niveau individuel.
… si dans l’époque de grande terreur dans laquelle nous vivons la vaccination rassure les Français, il faut évidemment que ces Français se fassent vacciner. La mortalité causée par le virus est faible. Le vaccin à des inconvénients, bien plus d’inconvénients que ceux annoncés par le passé. A ce titre, un travail vient d’être publié dans la revue Nature Medicine dans lequel 70 % d’effets secondaires sont évoqués avec le vaccin Pfizer. Deuxièmement, il y a quelques effets mortels. Est-ce que le risque vaut le coup d’être pris ? Certainement ! surtout quand on fait partie d’une population à risque. Mais dans le cas contraire, dans une population sans risque avéré, on peut toutefois se poser la question de la vaccination. Chacun doit pouvoir choisir.