Un collectif de médecins et scientifiques appellent à généraliser l’usage de la vitamine, qui « pourrait contribuer à réduire l’infection » par le coronavirus.
Pendant que la campagne de vaccination contre le Covid-19 s’étend progressivement en France, un appel a été lancé pour renforcer l’utilisation de la vitamine D de manière préventive, afin de réduire les risques d’infection grave. 73 médecins spécialistes et six associations de médecins appellent ainsi « à supplémenter l’ensemble de la population française en vitamine D », s’appuyant sur de nombreuses données scientifiques qui montrent que cela « pourrait contribuer à réduire l’infection » . « Un nombre croissant d’études scientifiques montrent que la supplémentation en vitamine D (sans remplacer la vaccination) pourrait contribuer à réduire l’infection par le Sars-CoV-2 ainsi que le risque de formes graves de Covid-19, de passages en réanimation et de décès », soutiennent ainsi les signataires, parmi lesquels « des professeurs d’université de différentes spécialités médicales » ainsi que les Sociétés françaises d’endocrinologie, de pédiatrie et de gériatrie et gérontologie.
La littérature scientifique s’est en effet étoffée sur le sujet au cours des derniers mois. En novembre dernier, une étude norvégienne avait déjà montré qu’une consommation habituelle d’huile de foie de morue, riche en vitamine D, semblait protéger de l’infection. Au mois de mai 2020, l’Académie de Médecine avait quant à elle recommandé de donner de la vitamine D aux personnes âgées, notamment, à titre préventif. Les signataires appellent ainsi à « supplémenter en vitamine D la population française dans son ensemble (et pas uniquement les personnes âgées ou à risque de forme grave de Covid-19) », « avant toute infection par le Sars-CoV-2 », à travers « une prescription par le médecin traitant ». « 40% à 50% de la population française » présente une insuffisance en vitamine D, « et plus encore chez les personnes à risque de formes graves de Covid-19 », rappelle le texte. Et « en cas d’infection avérée », ils recommandent « une supplémentation en vitamine D à forte dose » dès le diagnostic de Covid-19, pour « obtenir le plus rapidement possible un statut satisfaisant en vitamine D ».
Soleil artificiel
Cet appel fait suite à un « article de consensus » des mêmes organisations, paru le 8 janvier dans la publication spécialisée La Revue du praticien, qui dresse le bilan des données scientifiques disponibles sur la vitamine D et le Covid-19. Des « essais cliniques de grande envergure » sont par ailleurs en cours, dont l’un coordonné par le CHU d’Angers, qui teste « l’effet d’une très forte dose de vitamine D (…) sur le risque de décès par Covid-19 chez les personnes âgées fragiles qui ont contracté l’infection ».
La vitamine D est une hormone que l’on peut retrouver dans l’alimentation, mais qui est principalement synthétisée dans l’organisme sous l’action des rayonnements du soleil. Sa production naturelle est « quasi nulle aux latitudes françaises » pendant la période hivernale. Elle intervient dans l’absorption du calcium par les intestins et une quantité suffisante de vitamine D est nécessaire pour assurer une bonne calcification des os. Mais elle joue aussi un rôle dans le système immunitaire et influence l’action de nombreux gènes. Elle régule notamment la production d’une enzyme présente sur la membrane des cellules (ACE2), qui constitue le point d’entrée du coronavirus dans les cellules. « Bien qu’elle ne doive pas être considérée comme une arme du même niveau que la vaccination ou les gestes barrière, la supplémentation en vitamine D pourrait être un adjuvant utile », d’autant qu’elle ne présente pas de risque « à doses adaptées ».