Apparu en Inde, le variant B.1.617 du covid, qui se répand très vite, présente une double mutation qui pourrait le rendre résistant aux vaccins.
Il a déjà été détecté en Angleterre, en Allemagne, au Canada et à Singapour. Deux cas ont été détectés en Guadeloupe, selon les informations de Santé Publique France, datées du 8 avril. La presse a nommé ce variant du Sars-Cov-2 le « double mutant », les scientifiques l’appelle le B.1.617. Selon les informations du journal Le Monde, ce variant a été repéré pour la première fois le 5 octobre 2020 à Nagpur, au centre de l’Inde. Il porte une double mutation de la protéine Spike, la fameuse protéine S qui s’accroche à la cellule. Ces mutations, appelées E484Q et L452R, déjà vues ailleurs ne sont pas de bonne augure.
Si le B.1.617 est qualifié d’« indien », il a d’ores et déjà été repéré sur tous les continents. https://t.co/JjZzdYfhWk
— Le Monde (@lemondefr) April 19, 2021
« D’un côté, la mutation L452R, détectée dans le variant californien, rend le virus plus transmissible tout en étant davantage résistant aux vaccins. De l’autre, la mutation E484Q, qui serait similaire à la mutation E484K observée dans les variants sud-africain et brésilien et qui pourrait également réduire l’efficacité des vaccins », explique Slate.fr. « Ces mutations confèrent un échappement immunitaire et une infectivité accrue », a fait savoir le ministère indien de la Santé dans un communiqué relayé par la BBC News Afrique en mars.
« Il se répand très vite »
Dans l’Etat du Maharashtra, où est apparu le variant et où se trouve la capitale financière de l’Inde, Bombay, la prévalence du B.1.617 est « actuellement de 55 % environ », mais ailleurs en Inde, elle oscille « entre 2 et 10 % », indique le généticien Rakesh Mishra, directeur du Centre de biologie moléculaire et cellulaire (CCMB). « Il a fallu du temps pour comprendre que l’on était en présence d’un véritable variant. On en a eu la confirmation en décembre et, aujourd’hui, il se répand très vite et on le retrouve dans de plus en plus d’échantillons », précise encore au Monde Rakesh Mishra dont l’établissement fait partie des dix laboratoires spécialisés dans le séquençage du génome réunis au sein du Consortium indien de génomique appliquée au SARS-CoV-2 (INSACOG). Selon le quotidien du soir, la prévalence du B.1.617 s’établirait autour de 11 % en Inde actuellement. Aucun cas de réinfection au covid n’a encore été identifié en Inde, ni de malades qui auraient déjà eu le covid-19 avec une autre souche du virus ni de gens vaccinés, explique Le Monde. « A priori, l’immunité développée par une première contamination ou par le vaccin paraît à même de faire barrage à ce « double mutant », mais cela demande confirmation », souligne le scientifique.
Selon les informations de Santé Publique France datées du 8 avril 2021, « à ce stade, bien que ce variant soit classé VOC (variants préoccupants, ndlr) et suivi de près par les autorités sanitaires indiennes, aucun lien n’est établi entre l’émergence de ce variant et la dégradation récente de la situation épidémiologique » en Inde. Le pays vit actuellement une flambée épidémique.
Les autorités de New Delhi imposent à partir de lundi soir un confinement d’une semaine pour tenter de contenir l’explosion de cas de Covid-19 et faire retomber la pression sur les hôpitaux. « Si nous n’imposons pas maintenant un confinement, nous allons au-devant d’une catastrophe encore plus grande », a annoncé le chef du gouvernement local Arvind Kejriwal, décrivant un système de santé « au point de rupture ». L’Inde a recensé lundi un nouveau record de nouvelles contaminations: 273.810 cas sur 24 heures, dépassant la barre des 200.000 pour le cinquième jour d’affilée. Les commerces vont être fermés et les déplacement limités à l’essentiel dans la capitale de 20 millions d’habitants. Pour l’heure la France et l’Union européenne n’applique aucune restriction sur les liaisons aériennes et pour les voyageurs en provenance d’Inde.