Une large majorité de français estime que la délinquance est en hausse ces derniers mois dans le pays. [Décryptage]
Qui dit restrictions sanitaires ne dit pas forcément fin de l’insécurité. Selon un récent sondage Ifop Fiducial réalisé en ligne (internet) sur 1.000 personnes environ âgées de 18 ans et plus, les 6 et 7 avril dernier, plus de 7 Français sur 10 estiment que la délinquance a augmenté ces derniers mois. Dans le détail, près de la moitié des sondés (48 %) estiment que le phénomène s’est beaucoup aggravé tandis que pour 25 % la délinquance est restée stable. A l’inverse, seulement 4% des personnes interrogées pensent que la situation s’est améliorée.
Autre donnée singulièrement révélatrice de la situation, l’enquête ne fait pas apparaître sur ce sujet de différence sensible suivant le sexe. En effet – femmes ou hommes – le constat est sensiblement le même : 72 % de la gente féminine pense que la délinquance s’est accrue contre 71 % pour les hommes. Peu de différence également en fonction du lieu d’habitation puisque les banlieusards parisiens, généralement plus sensible aux questions de sécurité, ne sont pas plus alarmistes que dans toute la France. Le secrétaire général du syndicat France Police – Policier en colère, Michel Thooris livre son analyse :
La criminalité est en train d’exploser dans le pays. De plus en plus de nos concitoyens sont victimes de faits délictueux ou criminels, et ce sentiment se renforce. Dans d’autres sphères, l’agression du couple Tapie n’est qu’un exemple dans le paysage de cette insécurité.
Si les chiffres correspondent à des statistiques à un temps donné, ces statistiques peuvent être orientées par des choix qui peuvent être réalisés sur celui des effectifs et des moyens. Il ne faut pas, je pense, se focaliser sur les chiffres mais plutôt sur la réalité de l’insécurité dans les territoires. On sait que cette insécurité est en constante augmentation par le fait que la justice Française n’est plus en mesure de sanctionner les délinquants. Nous vivons aujourd’hui dans un système d’impunité totale qui engendre systématiquement des récidives.
Un système d’impunité totale donc qui poursuit sa folle route malgré toutes les mesures de restrictions mises en œuvre. Ni les confinements, ni les couvre-feux successifs ne semblent avoir d’effets sur ce phénomène. Là encore M. Thooris donne une explication plausible. Les mesures sanitaires ne sont pas respectées dans les quartiers en proie à la délinquance :
Le couvre-feu n’est pas respecté dans toutes les catégories de la population. On sait désormais que dans les quartiers dits sensibles – les 600 cités interdites de la République – que le couvre-feu n’est pas du tout appliqué. Un certain nombre de faits criminels existent, et le couvre-feu n’est pas forcément en mesure de les empêcher. En revanche le couvre-feu et les mesures de confinement gênent l’activité criminelle, notamment le trafic de stupéfiants. Ceci-dit on observe une formidable capacité d’adaptation des gangs, notamment celle des narcotrafiquants qui ont revu leurs business avec la livraison de stupéfiants en moins de… 30 mn.
Pourtant les chiffres du ministère de l’Intérieur pour les trois premiers mois de 2021 montrent une baisse généralisée des crimes et délits par rapport au dernier mois de 2020, hormis ceux qui concernent les escroqueries, les coups et blessures volontaires. Si l’on met de côté cette guerre des chiffres, les sondés ont également été interrogés sur les mesures qui seraient, selon eux, les plus efficaces. 48 % ont cité la privation des aides sociales pour les familles des mineurs délinquants multirécidivistes ; 44 % sont favorables à l’expulsion des délinquants étrangers après leur peine ; enfin 44 % également souhaitent que les peines de prison prononcées soient tout bonnement appliquées.