La nouvelle instance de réflexion voulue par le chef de l’État lancée ce jeudi, patine au démarrage. Plusieurs invités ont décidé de pratiquer la politique de la chaise vide.
Jupiter a changé ?! La chose serait étonnante… Depuis sa réélection, Macron promet une évolution de méthode dans sa gouvernance. Le Conseil national de la refondation (CNR), porté ce jeudi sur les fonts baptismaux et qui fait déjà l’objet de nombreuses critiques et réserves est censé en incarner la première étape. Quotidien Libre a tenté de comprendre pourquoi, et surtout comment.
À quoi va servir le CNR ? – Ainsi que le répétait encore l’Élysée mardi après-midi, « il s’agit de revivifier notre démocratie et faire face à d’immenses défis ». Le travail et le plein-emploi, l’école et l’éducation en général, la santé, le bien vieillir et la transition écologique, forment un ensemble de cinq thèmes majeurs autour desquels partis politiques, syndicats, associations ont donc été invités à échanger et réfléchir ensemble ce jeudi, à Marcoussis (Essonne).
Après l’allocution du président de la République, en présence notamment du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, du Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et sous le haut patronage du président du MoDem et haut-commissaire au Plan, François Bayrou, « un travail adapté à chaque territoire [sera] mis en oeuvre ».
Un travail auquel œuvrera « chaque ministre chargé d’un de ces thèmes », ainsi que l’a signifié Élisabeth Borne. Les acteurs concernés et des « formes de participation citoyennes » seront également associées, comme le précisait aussi mardi la Présidence de la République. L’idée restant, selon l’objectif affiché par l’Élysée, « d’avoir des solutions concrètes dès 2023 ».
Beaucoup de sceptiques – Dans l’idéal, c’est un débat d’idées d’envergure et transpartisan, permettant de faire assaut de propositions innovantes, qui devait donc émerger à l’occasion de ce rendez-vous.
Sauf que les sceptiques et les hostiles se sont très rapidement fait entendre et douter de sa pertinence, craignant notamment que ce CNR se substitue au Conseil économique, social et environnemental, au rôle à peu près discutable. Ou qu’il constitue un « contournement du Parlement, c’est-à-dire de la représentation nationale », comme l’a déploré le président du Sénat (Les Républicains) Gérard Larcher, qui ne participera pas à ce grand raout.
À l’image de l’ensemble des partis d’opposition (de ceux réunis sous la bannière de la Nupes jusqu’au Rassemblement national en passant par les Républicains), et de nombreuses organisations syndicales, la CGT, FO, la CFE-CGC et Solidaires ont en effet décliné l’invitation.
Les copains de Macron y participent, naturellement – Dès lors qui va participer ? Le parti présidentiel, la République en marche (bientôt rebaptisé Renaissance), bien sûr. Le MoDem, forcément. Le mouvement d’Édouard Philippe, Horizons, aussi, mais l’ex-Premier ministre, en déplacement au Québec, ne participera pas aux débats.
Chez les partenaires sociaux, la CFDT va honorer le rendez-vous, la CFTC aussi. Le patronat et le Medef seront également présents. Idem pour la Confédération des petites et moyennes entreprises (la CPME).
Et le Cese en sera aussi, en espérant que « le CNR ne soit pas le Conseil national de l’avalisation » comme l’a confié son président Thierry Beaudet dans les colonnes du Figaro.
Enfin, les associations d’élus locaux, rassemblant Régions de France, l’Assemblée des départements de France (ADF) et l’Association des maires de France (AMF) ont finalement accepté de se rendre à Marcoussis après avoir refusé dans un premier temps.
« Nous avons convenu que l’on ait deux fois par an des rendez-vous de travail avec le président de la République pour faire en sorte que les réponses apportées à nos concitoyens soient plus rapides et plus adaptées », a notamment déclaré Carole Delga, la présidente de Régions de France, pour justifier ce changement de cap.