Environ 187 rapports étaient au menu de cette nouvelle séance, dont le loyer du Vélodrome, la précarité énergétique ou encore l’encadrement des loyers.

Avant de lancer le conseil municipal, le maire de Marseille Benoît Payan a appelé les élus à observer une minute de silence en l’honneur de Richard Miron, ancien adjoint aux sports de Jean-Claude Gaudin, décédé vendredi 12 septembre au soir. A tout juste 65 ans, c’est un athlète aux multiples talents qui a été à la tête de cette délégation sportive de 2008 à 2020.
« Richard Miron était un amoureux de sa ville, un amoureux du sport et un passionné des autres », souligne Benoît Payan, qui exprime ses pensées à sa famille.
Action pour la santé menstruelle des filles de Dakar et de Marseille – Les subventions au profit de la santé menstruelle des Dakaroises font bondir le Sénateur Stéphane Ravier (Reconquête !). L’examen du rapport a commencé par les mesures sanitaires, dévoilées par Michèle Rubirola. Tout d’abord, l’adhésion à l’association Plan Bleu et une subvention à l’association « Santé Menstruelle » pour les jeunes filles de Marseille et Dakar (villes jumelées avec Marseille).
C’est ce second point qui a fait réagir le sénateur : « Je croyais avoir tout vu », a-t ’il vociféré. « Les contribuables vont verser 4 000 euros à une association : le planning familial qui est une association politique puisqu’elle défend l’idée des hommes enceints… ça n’existe pas ! Tout ça pour financer les serviettes hygiéniques des petites Sénégalaises. C’est du délire qui s’inscrit dans votre logique d’immigration ».
Marie Batoux a dénoncé des « propos racistes et homophobes » : le sénateur est « dans le déni de ce que nous faisons réellement ». Il fallait bien réveiller les ardeurs d’une extrême-droite croupissante depuis quelques conseils municipaux, déjà.
Stéphane Ravier s’engage à poursuivre en justice Marseille au sujet de la subvention accordée à SOS Méditerranée – Le rapport n°7 prévoit en effet la distribution d’une subvention de 30 000 € à l’association marseillaise SOS Méditerranée. « Fidèles à notre tradition de solidarité, d’accueil et d’assistance. Par cette subvention, nous savons que des vies humaines seront sauvées en mer dans ce cimetière qu’est l’Europe », a souligné Michèle Rubirola.
« Avec vous, c’est clair », a rétorqué une seconde fois Stéphane Ravier qui rappelle que le Printemps marseillais avait annoncé qu’il ferait du port de Marseille « un port accueillant pour les migrants ». « Vous souhaitez encore une fois que les impôts des Marseillais aillent dans les caisses d’une association pour sauver dîtes-vous les migrants. Ce sont des hommes de 20-25 ans démunis de tout qui viennent grossir ici les rangs des clandestins », a-t ‘il dénoncé. « Quant aux ONG elles-mêmes, leurs actions ont été dénoncées par Emmanuel Macron et son ministre de l’époque Christophe Castaner qui faisaient savoir que certaines associations se rendaient complices elles-mêmes des passeurs ».
Ce discours a fait sortir de ses gonds Sébastien Jibrayel. « Vous arrêtez vos bêtises un peu ? Espèce de raciste ! », a lancé l’adjoint aux sports.
« Je porterai ce rapport devant le tribunal administratif car vous allez au-delà de vos compétences », conclut l’élu Reconquête! « Rendez-vous au tribunal », a balayé Benoît Payan.
Audrey Garino, adjointe en charge des affaires sociales, se dit heurtée par ces propos. « On devrait les interdire », a tenté d’ironiser Bernard Marandat. « Vous avez raison. Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un délit », a tancé Benoît Payan.
« Vos propos tombent sous le coup de la loi », conclut le maire en s’adressant à Stéphane Ravier. « Il se trouve que pour notre plus grande fierté, SOS Méditerranée a son siège à Marseille. Il se trouve que nous allons acheter grâce à cette subvention un canot de sauvetage. Vous allez m’envoyer au tribunal pour un canot de sauvetage ? »
Objectif zéro déchet plastique – Le Conseil Municipal a adopté le rapport remis par Christine Juste, obligeant la Ville à signer deux chartes : « Méditerranée Zéro Déchet Plastique » soutenue par la Région Sud et « Plages Sans Déchet Plastique » soutenue par le Ministère de l’Ecologie. Ces deux statuts sont en cours de rédaction, leur contenu reste donc à déterminer.
Marseille demande à la Métropole d’expérimenter l’encadrement des loyers – « Dans les mois qui viennent, la crise financière et la crise du logement va continuer de taper fort. Si la Métropole nous permettait de candidater à l’expérience sur l’encadrement des loyers, ce serait quelque chose de formidable. Je le demande non pas comme un service mais j’implore la Métropole d’entendre la Ville de Marseille », a entamé le maire Benoît Payan. « Le taux de pauvreté, le nombre de logements indignes, le peu d’offres et l’inflation des loyers font que nous trouverons des différences avec Aix-en-Provence ».
Le maire veut aussi lancer une étude pour lutter contre les logements vacants. « J’ai souvent dit qu’à Marseille il y a un 17e arrondissement : celui des logements vides ».
« Nous partageons l’objectif de pouvoir loger dans des conditions décentes et à des tarifs abordables l’ensemble des Marseillais mais je pense que nous avons des différences sur le façon d’y parvenir », prévient Pierre Robin (LR). « Votre vision, c’est que pour résoudre ce problème de logement, il faut taxer et encadrer. Je ne sais pas ce que vous avez contre les propriétaires. Nous, notre vision, c’est qu’il faut construire et rénover ». Il propose « d’agir sur la cause plutôt que sur la conséquence » en construisant des logements plutôt qu’en encadrant les loyers, conclut-il sous les applaudissements de son groupe, y compris de la présidente de la Métropole, Martine Vassal.
Répondant à Pierre Robin, Mathilde Chaboche, l’adjointe en charge de l’urbanisme, s’est dit satisfaite « des chiffres atteints » en termes de permis de construire délivrés. Le rapport a été adopté malgré l’opposition de la droite et de Reconquête! et l’abstention du RN.
Samia Ghali en lutte contre l’habitat indigne – À l’occasion d’un rapport sur l’habitat indigne, Samia Ghali s’est réjoui de l’attribution par la Ville de 11 millions d’euros engagés pour intervenir dans des copropriétés dégradées. L’adjointe estime néanmoins à 300 millions d’euros la somme nécessaire pour « en finir avec l’habitat dégradé » à Marseille.
L’ancienne sénatrice insiste notamment sur l’importance d’assurer le fonctionnement des ascenseurs pour ne pas isoler des personnes handicapées ou âgées. Elle évoque notamment l’idée du permis de louer dans certaines copropriétés.
Éléonore Bez (RN) est intervenue pour « nommer la véritable cause de ces dégradations : le trafic de drogue ». « Il nous faut une extralégalité pour pouvoir intervenir. On ne peut plus laisser les marchands de sommeil saccager la ville comme ils le font », conclut le maire avant l’adoption du rapport.
La majorité et l’opposition se rejoignent sur la lutte contre la précarité énergétique – La précarité énergétique s’est invitée dans les débats à l’occasion d’un rapport prévoyant la mise en place d’un partenariat entre la Ville et le Service Local d’Intervention pour la Maîtrise de l’Énergie (SLIME) et l’adhésion de la Ville à l’association Stop à l’Exclusion Énergétique. Cette fois, les élus de la majorité comme de l’opposition se sont accordé sur cette nécessité. Isabelle Savon en a profité toutefois pour demander à baisser la climatisation dans l’hémicycle « car la température aujourd’hui ne le nécessite pas et on se gèle… ! »
La droite relativise la hausse du loyer du Vélodrome – Le conseil municipal a abordé le rapport n°54 sur la renégociation du loyer du Vélodrome entre la Ville et l’OM. Le groupe de droite « Une volonté pour Marseille » a tenté de démontrer que la hausse annoncée dans les colonnes par le maire n’est pas une si bonne opération pour la Ville.
« La part fixe était de 4 millions d’euros en 2014 pour la période qui allait jusqu’en 2017. Elle a été augmentée à 5 millions dans la deuxième convention en 2017 jusqu’à 2020. La logique était de se rapprocher du juste prix avec une augmentation de 25% sur trois ans, c’est-à-dire une augmentation de 8,5% par an. Avec ce nouveau loyer, vous nous proposez une augmentation de 30% sur cinq ans, c’est-à-dire 6% par an. C’est regrettable que vous n’ayez pas su suivre la même dynamique que pour la période précédente », a entamé Didier Réault.
« Dans cette négociation, il y a des choses très défavorables à la Ville. D’abord sur les modalités de paiement car la redevance sera payée à la fin de l’année. Sur la part variable, les seuils de déclenchement sont très élevés. La répartition financière entre les normes générales et les normes sportives n’est plus distinguée, ce qui fait que revient à la Ville l’ensemble des charges qui incombaient parfois à l’OM », poursuit-il. « Vous tentez de nous faire croire que vous réalisez une bonne opération avec cette convention. En fait, vous tentez des dribbles », a-t ‘il conclut.
« J’ai voulu arrêter une pratique récurrente de cet hémicycle qui était de marquer des buts contre son camp », réplique le maire. « Il se trouve que dans ce contrat, nous avons réussi à négocier un loyer à 6,5 millions d’euros. Permettez-moi de vous le dire : c’est du jamais vu », se félicite-t-il. « Cette part variable que vous critiquez, c’est vous qui l’avez négociée. Je l’ai reprise en intégralité, je n’ai pas réussi à la négocier », explique-t-il néanmoins. « Quant aux travaux, j’ai accepté que par contrat, la Ville puisse déclencher des travaux avec un maximum d’un million d’euros pour la sécurité du stade. J’ai considéré qu’il était de notre devoir de prendre notre part », explique-t-il encore. « On aura du mal à sortir d’une situation extrêmement compliquée parce que les contrats que vous avez signés nous engagent pour des années. Quoi qu’il en soit, je suis fier de mettre au vote ce rapport avec un loyer à 6,5 millions d’euros et la quasi-certitude de déclencher la part variable. Vous en avez rêvé, on l’a fait ».
10 millions d’euros pour accélérer la Transition écologique du port – Un programme de financement à hauteur de 10 millions d’euros a été créé afin d’accélérer la transition écologique des activités maritimo-portuaires. Ce programme aura pour visée l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé des Marseillais.
« Les élus de notre groupe qui siègent dans d’autres collectivités ont proposé depuis plusieurs mois voire plusieurs années des solutions visant à améliorer la qualité de l’air », a souligné Julien Ruas (LR) en évoquant le plan escale zéro fumée de la Région Sud ou l’aide à l’achat de véhicules électriques du Département des Bouches-du-Rhône. L’élu demande à la majorité « des précisions sur vos objectifs et vos engagements ».
« En vingt ans, sur la croisière, vous avez fait des erreurs gigantesques, toutes collectivités confondues », a lancé Laurent Lhardit à l’opposition.
« On a face à nous un port avec des acteurs différents comme ceux de la croisière, et je ne mettrai pas un euro pour aider ces multinationales, pour autant il y a 18 000 emplois sur la port avec des entreprises qui font des efforts dix fois plus importants. Là, il faut aider. Les chantiers navals ont besoin d’être aidés parce que ces modèles économiques qui génèrent beaucoup d’emplois ici sont des modèles qu’il faut soutenir », a assumé Benoît Payan.
Marseille vise 800 policiers municipaux en 2026 – « Nous faisons le choix ambitieux d’accélérer le calendrier des recrutements. Durant l’été, nous avons lancé une grande campagne de recrutement de 350 policiers municipaux. Nous souhaitons également augmenter de façon significative le nombre de places au concours 2023. Ce sont 160 policiers municipaux qui viendront renforcer les rangs de la police municipale. Nous aurons, en 2026, 800 personnels dans les rues de Marseille », s’est félicité l’adjoint à la sécurité, Yannick Ohanessian.
Catherine Pila, la présidence du groupe « Une volonté pour Marseille », rappelle à tort la multiplication des faits divers et dénonce une « banalisation de l’inacceptable ». « Une fois de plus, nous demandons quels sont les effectifs précis des policiers municipaux à Marseille aujourd’hui », interroge-t-elle. « Il ne faudra pas que des caméras et des policiers pour remettre de l’ordre dans notre ville. Il faut une philosophie et une volonté politique », estime-t-elle.
« Ayez la certitude que nous ne laisserons rien passer et que nous ne laisserons personne sur le bord du chemin », répond le maire qui appelle l’opposition à travailler ensemble.
L’opposition, justement, s’est exaspéré de n’avoir pas de réponse à la question du nombre des effectifs. Le maire a également refusé de donner la parole à Aurore Bruna, ce qui a provoqué la colère de la droite dont plusieurs élus qui ont quitté l’hémicycle. Ils s’en remettront.