Après une étude publiée par la revue médicale The Lancet, jugeant la molécule inefficace voire nocive pour les malades atteints de covid, le gouvernement a abrogé les dispositions dérogatoires autorisant la prescription du médicament à l’hôpital en France, hors essais cliniques. Focus sur une saga sortie du domaine scientifique, depuis trop longtemps.

Flacons de comprimés d’hydroxychloroquine distribués en avril 2020 dans les hôpitaux au Salvador I AFP / Yuri CORTEZ
L’Agence du médicament (ANSM) avait également lancé la procédure de suspension par précaution des essais cliniques évaluant l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid. Depuis fin mars, ce médicament dérivé de l’anti-paludéen chloroquine, pouvait être prescrit à titre dérogatoire à l’hôpital et uniquement pour les patients gravement atteints, sur décision collégiale des médecins.
Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faites avec le Big Data change ce que nous avons constaté. Des électrocardiogrammes, ici (à l’IHU – Méditerranée Infection) on a réalisé 10.000 chez les malades qui ont eu cette maladie. 10 000 électro-cardiogrammes, insiste le Pr Didier Raoult.
Une étude foireuse !? Voilà comment Didier Raoult qualifie la publication de la revue The Lancet sur les effets de la chloroquine. Alors que le spécialiste en infectiologie à Marseille a toujours plébiscité le protocole de traitement avec de la chloroquine et de l’azithromycine, la revue médicale britannique a fait paraître une étude concluant à l’inefficacité voire à la nocivité de cette molécule décidément controversée. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dont le premier contributeur non étatiques n’est autre que le magna des vaccins Bill Gates, via sa fondation, a annoncé samedi dernier que les essais thérapeutiques prévoyant une posologie de ses dérivés chez les malades de covid avait été suspendu. Suite à cette annonce, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a saisi dare-dare le Haut Conseil de la santé publique. De quoi remettre une pièce dans la machine à polémique qui s’agite depuis le début de la crise sanitaire. Cependant, les médecins sont toujours dans la capacité de prescrire de la chloroquine et pour cause: ce médicament vieux de plus de 60 ans, en plus de ses caractéristiques antipaludéennes, est souvent préconisé aux patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et de certains lupus (maladie chronique auto-immune). Curieusement, dans ce cadre, personne n’a cherché à démontrer sa nocivité. Bien sûr, il ne serait pas exact de dire que la chloroquine n’est pas potentiellement dangereuse. Comme n’importe quel médicament, des effets secondaires sont signalés, voire des contre-indications. En l’occurrence, le fait que la molécule soit déconseillée aux patients souffrant d’un problème cardiaque n’est pas une nouveauté. L’aspirine, elle, n’est pas bonne pour les hémophiles et pourtant elle n’est pas retirée du marché. Le Pr Raoult ne s’est d’ailleurs pas privé de pointer du doigt cette ironie. Une imbécillité ?:
La situation semble extrêmement étrange. Les rhumatologues ont le droit d’utiliser un médicament reconnu très toxique, mais les gens qui soignent le covid n’ont pas le droit de l’utiliser. Pourquoi ?, s’interroge le Pr Raoult.
Il y a un produit concurrent qui va peut-être faire le même coût que le Remdisivir, c’est le Tocilizumab, qui coûte à peu près €200 par semaine, alors que l’hydroxychloroquine ne coûte rien. Et vous allez voir, comme c’est la même cible, on vous dira que l’hydroxychloroquine n’est même pas bon en rhumatologie, et qu’il faudra le remplacer par un produit qui coûte 50 fois plus cher.
La dose administrée a également une importance cruciale. Les quantités prescrites aux malades de covid sont environ 5 fois plus élevée qu’aux malades de lupus. Et au-delà de cet élément, il est aussi inexact de réduire le protocole utilisé par le professeur Raoult à l’usage de la chloroquine et l’azithromycine. En effet, aux molécules s’ajoutent la détection précoce des cas de covid. Autrement dit, la prise de ses médicaments doit se faire au début de la maladie. Et pour traiter les patients en début d’atteinte, il aurait fallu procéder à des dépistages massifs. Ce que le gouvernement a été incapable de mettre en place… A ce titre, il faut avouer que le traitement préconisé par Didier Raoult ne peut être généralisé totalement, car s’il est efficace sur les malades en début de maladie, ceux dans un stade avancé ne pourront pas bénéficier du protocole. C’était d’ailleurs là encore le point insensé des essais pratiqués dans l’hexagone, puisque le ministère de la Santé avait autorisé les tests sur les personnes déjà gravement atteintes. Allez comprendre. Dans la mesure où l’on connaît les effets secondaires de la chloroquine sur le cœur, il faut donc pratiquer régulièrement des électro-cardiogrammes, une chose impossible en médecine de ville. C’est ce qui peut d’ailleurs expliquer que des patients sous chloroquine soient morts. Notons également que l’on reprochait au professeur Marseillais de ne produire que des études non randomisées, et le travail de The Lancet repose sur le même type de travaux, même si encore une fois personne ne le relève.
Voilà donc plusieurs mois que l’on assiste à des échanges de tirs pour ou contre la chloroquine, avec pour tendre le micro: certains médias lécheurs de bottes du gouvernement. De quoi transformer un débat qui devait être scientifique en hystérie collective, parsemé d’invectives et d’inexactitudes savoureuses. Dans tout cela, aucun travail indépendant n’a présenté une étude rationnelle pour mettre en relief des données fiables et claires sur les protocoles à utiliser ou proscrire. A croire que la vérité n’a décidément plus beaucoup d’importance. Si elle parle peu, le mensonge, lui, parle beaucoup.