Un laboratoire à Wuhan, ville berceau de l’épidémie de nouveau coronavirus en 2019, conservait depuis 2013 une souche du virus proche à 96% du SARS-CoV-2, révélait en février 2020 la revue Nature. L’émission Envoyé Spécial sur France 2 relate la découverte d’une étrange pathologie respiratoire qui a tué trois mineurs en 2012.
Il se peut que la pandémie de covid ne soit pas née sur un marché à Wuhan mais dans les montagnes du Yunnan (sud-ouest de la Chine), avance l’émission Envoyé Spécial sur France 2 qui relate l’histoire de six mineurs chinois chargés en avril 2012 de nettoyer une mine désaffectée envahie par des chauves-souris et couverte de leurs déjections. Un reportage complet sur le sujet paraîtra le 11 mars prochain.
Après avoir passé deux semaines dans les galeries, les six hommes en question ont été hospitalisés d’urgence, présentant les symptômes d’une pneumonie grave. Trois d’entre eux sont morts quelques semaines plus tard. Shi Zhengli, virologue réputée pour ses travaux sur les virus de chauves-souris, a été dépêchée de Wuhan dans le Yunnan pour réaliser des prélèvements dans la mine. En analysant les échantillons, elle a découvert, en 2013, un coronavirus jusqu’alors inconnu, le RaTG13.
Un retard curieux
Mais ce n’est qu’en février 2020 qu’elle affirme, dans les colonnes de la revue Nature, y avoir détecté un virus proche à plus de 96% du SARS-CoV-2, à l’origine du Covid-19. Pourquoi Shi Zhengli n’a-t-elle pas évoqué le RaTG13 dès décembre 2019, au début de l’épidémie ? «Il y a beaucoup de choses auxquelles on n’a que des réponses partielles, voire pas de réponse», confie face à la caméra de France 2, Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS. Selon le virologue, «les chercheurs auraient dû se rendre compte immédiatement que la carte d’identité génétique du SARS-CoV-2 de 2020 correspondait à quelque chose qui avait déjà été décrit il y a fort longtemps […]. Ils auraient dû citer leurs propres travaux. Ils ne l’ont pas fait».