Quatre copains souriants, déjà aguerris aux métiers de la restauration, lancent une adresse rue Paradis à Marseille. Un lieu dédié aux plats cuits au feu de bois. Une identité stylée et carnée « bon bistrot ». Un gabarit viandard (mais pas que) causant bonnes boutanches.

De celui-là, on ne pourra pas dire qu’il «baravine» le phocéen tant il assume son identité. Le brave repaire, d’usage taillé aux crocs d’un Marseille plutôt versé dans la conso’ de poiscailles, met tout le monde d’accord. Le chef Louis Thomas et ses deux potes cuistots, Adrien Tanchoux et Fabien Resseguier cuisinent et proposent chez « Frangine » des recettes brutes, précises, engagées, sous l’œil gardien d’Antoine en salle, le seul marseillais de l’équipe. Ouf ? L’honneur serait-il sauvé ?
Bien sûr, certaines mauvaises langues diront… Encore un restau-bistrot ? À Marseille ? Oui, fraté et pas des moindres. Si le lieu nourrit une histoire de famille, l’enseigne convoque aussi ce point commun à l’équipe : chacun a… une sœur ! Une « Frangine ». « Frangine » = sœur, tia compris ?
L’établissement situé 225 rue Paradis – dans cette frontière imaginaire où le VIe arrdt se partage le bourge et le bohème frimeur – ne souffre pas de la « fame » rampante de certains établissements. S’afficher en terrasse teenie weenie vissé sur la tête, en mood caféiculture colombienne, n’apporte qu’un souffle d’air. Qu’on se le dise.
Chez « Frangine », donc, tout nouveau, tout beau, revendiqué dans ses codes « bistrot », simples et authentiques comme on aime, on ne se raconte pas d’histoires. Ici on murmure dans l’assiette ce supplément d’âme en recettes tradis et de saisons. Barbecue à la viande saignante, la carte est pour moitié composée de légumes et de fruits de la mer. Normal, nous sommes à Marseille.
Des palourdes braisées servies sous une sauce crémeuse à l’ail noir ; des panisses épongées croustillantes; un oignon doux des Cévennes AOP au lard et olive ; ou des gnocchis de betterave et brousse du Rove te file fissa l’appétit d’un ogre. Rien de honteux à vouloir tailler ensuite une tendre et juteuse Côte de bœuf « Prince des suds » (40 jours de maturation), une « Blonde de Galice »; ou encore un poisson du moment, selon arrivage. Le petit Pélardon te fait vite de l’œil sur une cuvée « Conception » (vin orange), Aramon Théziers Vignerons. À croire que depuis son entrée dans le dictionnaire, le mot bistronomie n’a pas perdu le sens des mets. Pas d’impasse sur les desserts, notamment le riz au lait avec praliné maison, si bon, si doux, si fondant, qu’on plongerait dedans. Un paradis, rue Paradis. On recommande chaudement !
« Frangine », restaurant bistronomique, cuisine au feu de bois, 225 rue Paradis, Marseille (VIe). t/ 04 65 95 59 71. Plus de renseignements ici