FESTIVAL I C’est un week-end haut en couleurs qui vient de s’achever à Vincennes. La 8e édition de We love Green a offert sa dose annuelle de bonne musique, de bonne bouffe et surtout de bonnes vibrations.

Diaporama du Festival We Love Green 2018 I © Leo Stahly
Certains se réveillaient tout juste que Vincennes préchauffait déjà ! Midi a sonné et les festivaliers s’installaient par dizaines sur les pelouses du château. Éclats de rire, verres de rosé, tenues décontractées (mais travaillées) : la fête a bel et bien commencé. Pour ce qui est du lieu des festivités, la recette est restée la même. La Prairie, et ses grands espaces, et le chapiteau intimiste de la Clairière ont constitué les deux scènes principales. Le coin Think Thank a joué, à nouveau, son rôle de couteau suisse en proposant conférences, projections et concerts tandis que la chaleureuse et colorée La La Land offrait les meilleurs sets house et techno du week-end. La petite nouvelle de cette édition 2018 se prénomme Canopée où les nouveaux talents ouvraient les portes de leur univers respectifs.
Exaltation des sens
Le lieu fût le théâtre d’un éveil des sens. Marquante dès les premières éditions, la scénographie était à nouveau resplendissante. Étudiants franciliens d’écoles d’art et bénévoles ont travaillé main dans la main pour mettre au point des installations pop, novatrices et responsables, à l’image du festival. Une scénographie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en France. À l’instar de la restauration, ici, pas question d’avaler un pain-saucisse sec et des frites molles, le coin food regroupait traiteurs, primeurs, food trucks et stands éphémères de restaurants populaires parisiens proposant ainsi des mets de qualités. Contre un billet de dix euros, les festivaliers pouvaient engloutir au choix un burger gourmand, une pizza raffinée, un bo-bûn du Petit Cambodge ou encore un hot-dog végétarien du Tricycle. Le festival mettant en avant les valeurs de responsabilité et d’environnement, la variété de produits proposés permettaient à tous les régimes alimentaires de trouver leur bonheur, amateur de viande ou crudivore. Les plaisirs visuels et culinaires ont amené justement les plats de résistance : les concerts.
Scène hip hop: une consécration
Fidèle à ses habitudes, d’années en années, la programmation jouit d’un éclectisme qui permet à chacun de s’y retrouver et d’offrir des expériences uniques et variées. Les femmes étaient à l’honneur à l’occasion de cette nouvelle édition. Elles ont fait danser les festivaliers dans des registres divers et variés. L’enthousiaste Belge Angèle, les puissantes Britanniques Jorja Smith et IAMDDB ou encore l’envoûtante Bjork ont bercé tour à tour les soixante mille teuffeurs présents le week-end dernier. We Love Green est un événement qu’on crie, qu’on chante et qu’on danse aussi. Sous les lustres scintillants et les banderoles colorées de La La Land, les amateurs de house et techno se sont littéralement régalés. Mount Kimbie et Agoria ont mis le public au pas avant que l’increvable Nina Kraviz n’assure le closing du dimanche, en faisant même prolonger le plaisir de quelques minutes, histoire de quitter Vincennes sans énergie, ni regrets. Mais le point d’orgue cette année a eu lieu l’après-midi de samedi au cours duquel We love Green est devenu un vrai festival de hip hop. Les succès de PNL en 2016 (pour leur toute première date) et du Belge Damso l’an dernier laissaient prévoir une explosion de la scène rap cette année ; Une inexorable montée en puissance lancée par le producteur Myth Syzer sur la Canopée. Sa garde rapprochée du collectif Bon Gamin ayant répondu présent, le Vendéen a enchaîné les titres sulfureux de son album Bisous. Climax de sa performance : la foule a hurlé Le Code à l’unisson. La barre etait placée très haut. Lomepal a continué de faire grimper le mercure. Sous le chapiteau de la Clairière au bord de l’implosion, les festivaliers entonnaient les morceaux de l’album Flip et chaque titre agissait comme une puissance salve. La nuit tombée, la foule continuait de s’époumoner au concert d’Orelsan. Contrairement à Myth Syzer et Lomepal, Aurélien Cotentin de son prénom, possède déjà une discographie bien remplie. Dix ans de présence dans le paysage français du rap, ça fait beaucoup de fidèles. Et qu’ils soient de la première heure ou de l’album La fête est finie, ils étaient tous là, criant, hurlant, s’époumonant durant les soixante minutes de son concert. Un show puissant, du classique pour Orelsan. Pour un finish en apothéose, appelez Migos et vous serez servis ! Avec leur trap mathématique et survoltée, le trio d’Atlanta a retourné intégralement la Clairière. Les plus gros hit des deux volets de leur saga Culture ont été entonnés et dopés par une foule qui vrillait dans l’hystérie. Oui, c’est tout ça, We love Green.