À deux ans de l’événement, le chef de l’État a convoqué lundi 25 juillet un conseil olympique et paralympique pour « faire le point sur la mobilisation des services de l’État dans la perspective du plus grand événement sportif international ». Autour de la table : une dizaine de ministres, les préfets de police et de la Région Île-de-France ou encore Tony Estanguet, président du comité d’organisation des jeux de Paris.
« Un point d’étape. » C’est ce qu’a voulu le président de la République lundi 25 juillet en réunissant dans les jardins de l’Élysée les principaux acteurs des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 pour un Conseil olympique et paralympique. Une réunion pour aborder deux défis majeurs de cet événement : la sécurité et le budget. Et ce, à deux ans et un jour de ces jeux prévus du 26 juillet au 11 août 2024.
Une dizaine de ministres autour de la table – Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des JO (Cojo), la Première ministre Élisabeth Borne, les ministres Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur) et Amélie Oudéa-Castéra (Sports), ainsi qu’une poignée d’autres ministres et acteurs de l’organisation.
Après le chaos de la finale de la Ligue des champions au Stade de France le 28 mai, des doutes sont apparus sur la capacité de la France à assurer la sécurité des Jeux et la Cour des Comptes a récemment rendu un pré-rapport alarmiste à ce sujet.
L’organisation de la cérémonie d’ouverture des JO, conçue comme une parade fluviale sur la Seine, relève déjà du casse-tête sécuritaire. De nombreuses voix s’élèvent dans les rangs policiers pour s’en inquiéter. Le Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a notamment demandé au nouveau préfet de Paris, Laurent Nunez de mobiliser toutes les forces nécessaires pour veiller au bon déroulement des Jeux.
Deux absentes – La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) et la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse (LR) – par ailleurs toutes les deux ex-candidates à l’élection présidentielle – n’ont pas été conviées à cette réunion. Un choix que les deux élues ont regretté dans un communiqué commun intitulé « Pas de collectivités, pas de jeux », diffusé vendredi 22 juillet.
Un autre point d’étape est prévu avec les élus « à la rentrée », avec la mairie de Paris, la région Ile-de-France, les élus de la Seine-Saint-Denis ou encore le Comité olympique français (CNOSF), a précisé l’Élysée.
Motivation – Selon l’Élysée, la « réunion de chantier » voulue par Macron visait notamment à s’assurer de « l’implication personnelle » des ministres concernés que le chef de l’État souhaite « exceptionnelle », compte tenu de « l’envergure », « l’audience » et de « l’image du pays dans le monde ».
Et le président de la République semble vouloir y veiller personnellement puisque cette réunion sera désormais « trimestrielle ». La prochaine est fixée à la rentrée, « en présence des exécutifs locaux » les plus concernés (mairie de Paris, Région Île-de-France, Seine-Saint-Denis).
Livraison des sites – L’Élysée rappelle d’abord que « 95 % des sites » qui accueilleront des compétitions « sont existants ou temporaires ». Pour le reste, « le processus de construction », notamment du village olympique, est « totalement conforme » aux prévisions. 35 ouvrages sont en chantier.
Sécurité : « totalité rassurante » – La réunion a visiblement permis de clarifier le pilotage : le ministre de l’Intérieur endosse « l’unique et entière responsabilité » du plan de maintien de l’ordre. Le préfet de police, celle de sa mise en œuvre.
Plusieurs enjeux. D’abord, la mobilisation des forces – entre 7 000 et 11 000 agents par jour (à chaque journée, ses besoins spécifiques et notamment la cérémonie d’ouverture dont les besoins dépendront du projet artistique pas encore finalisé), tout en maintenant des forces disponibilités pour d’autres événements et interventions ailleurs en France. Le ministère de l’Intérieur annonce pour cela la création de « 11 nouvelles unités mobiles » et l’activation de plusieurs leviers pour faire face (recours aux heures supplémentaires, report d’autres événements…).
L’État compte aussi mobiliser les filières de sécurité privée. En la matière, il estime le besoin à 17 500 agents par jour. L’État va notamment aider la filière à se structurer via la formation notamment. Les armées apporteront leur concours via la Marine nationale et l’armée de l’air pour la lutte anti-drone. De même, l’opération Sentinelle montera en charge une fois les besoins affinés. Et les équipes de prévention en matière de cybersécurité seront renforcées. Le ministère de l’Intérieur a aussi testé des innovations technologiques (173), « un certain nombre d’entre elles seront mobilisées ».
Mobilité et transports – Les Jeux vont nécessiter le transport de 800 000 personnes par jour. Pour les spectateurs, une première version du plan de transport sera dévoilée dans les toutes prochaines semaines (gares et stations utilisées pour la desserte de chaque site, parcours et cadences des différentes navettes). Il s’appuiera sur prolongement de ligne de métro 14 (qui reste à livrer). Un plan vélo dédié a été élaboré.
Pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, l’État compte sur les bus, la ligne 14 et annonce 1 000 taxis à disposition.
« Le budget des Jeux sera tenu » – L’enveloppe d’argent public (qui comprend les aides de l’État et des collectivités) injecté dans les JO 2024 oscille entre « 1,7 et 1,8 milliard d’euros », répond l’Élysée qui promet que « le budget des Jeux sera tenu ».
Sur ce budget global, l’inflation a fait grossir la note de 140 millions pour l’État et les collectivités. Pour absorber ce surcoût et ceux à venir, l’Élysée évacue l’hypothèse « infondée et farfelue » d’un « impôt olympique ». L’État et les organisateurs n’entendent pas non plus jouer sur les prix d’entrée pour renflouer les recettes, en tout cas « pas à ce stade ».
Pour tenir les cordons de la bourse, l’État entend plutôt jouer sur les choix des cérémonies par exemple. « Le chef de l’État souhaite que nous soyons les meilleurs dans un cadre de dépenses contraintes », résume un bon connaisseur du dossier. Autres options : multiplier les partenariats avec des marques en échange de visibilité pour elles, demander un effort au comité international olympique pour qu’il prenne en compte l’inflation dans sa subvention (1,2 milliard aujourd’hui) et éventuellement piocher dans la « réserve pour aléas » (315 millions d’euros), pas mobilisée depuis 2016).
Diplomatie – Pour gérer les quelque 1 500 accrédités diplomatiques, un centre de coordination du protocole ouvrira en Seine-Saint-Denis au printemps 2024 et les Jeux disposeront d’un « consulat olympique » pour absorber les demandes de visas d’environ 50 000 personnes.
Des Jeux pour tous – C’est la promesse de l’État qui annonce de nouvelles mesures et programmes pour mobiliser le pays. Notamment le principe d’une « billetterie populaire », des places achetées en grand nombre par l’État pour arriver à 50 % des billets à moins de 50 €, 1 million de billets à moins de 24 €.
L’État participera aussi au relais de la flamme, deux mois avant les Jeux à partir d’OIympie (Grèce). « L’occasion de valoriser tous nos territoires. »
La pratique du sport : grande cause 2024 – Cela devrait se traduire par des financements pour soutenir la pratique sportive. La promesse du candidat Macron de 30 minutes de sport à l’école sera déployée. Une « journée paralympique » est annoncée le 8 octobre prochain. Et les entreprises seront incitées à développer la pratique sportive au travail. L’État annonce l’organisation d’un événement dans la fonction publique à la rentrée prochaine.
Enfin, une mission va être lancée sur l’adaptation de la pratique sportive au changement climatique. Les premières conclusions pourraient être rendues « dès la fin 2022 » pour des prescriptions aux sportifs lors des événements, notamment les JO de Paris qui auront lieu au cœur de l’été 2024.