Londres a revu à la hausse son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comptant atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un grand pas en avant selon Greenpeace mais trop petit pour Extinction Rebellion.

Des militants écologistes devant les bureaux britanniques du géant pétrolier Royal Dutch Shell, lors d’une manifestation de l’association pro-environnement Extinction Rebellion à Londres le 15 avril 2019 I AFP/Archives / Tolga AKMEN
Le gouvernement doit présenter mercredi au Parlement un décret afin d’amender en ce sens la législation de 2008 sur le changement climatique. Les Britanniques peuvent être fiers d’appartenir au premier pays du G7 à légiférer pour accomplir des objectifs climatiques à long terme, a affirmé la Première ministre conservatrice Theresa May dans un communiqué. Londres prévoyait de réduire, d’ici 2050, de 80% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Mais le principe de neutralité carbone va plus loin: il suppose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber, grâce notamment à ses forêts ou ses sols.
Cette décision déclenche le coup d’envoi d’une transformation fondamentale de notre économie, a relevé le scientifique Doug Parr, de l’organisation écologiste Greenpeace UK, saluant un grand moment.
Accomplir la neutralité carbone d’ici 2050 va changer nos vies, cela va changer la manière dont on voyage, les maisons dans lesquelles on vit, la nourriture que l’on mange, a abondé David Reay, professeur en management du carbone à l’Université d’Edimbourg.
Pour le mouvement Extinction Rebellion cependant, Londres aurait pu viser plus grand.
Pourquoi attendons-nous 2050 ?, s’est-il interrogé dans un communiqué. 2050 est une condamnation à mort. Des gens sont déjà en train de mourir, et cela ne fera qu’empirer.
L’objectif gouvernemental n’est pas assez ambitieux, a aussi jugé Mark Maslin, professeur de climatologie à University College London (UCL), préconisant 2030. Le gouvernement n’a pas encore présenté de plan concret pour y parvenir mais compte notamment définir ses priorités avec de jeunes scientifiques. Il a aussi indiqué qu’il n’excluait pas d’utiliser les crédits internationaux de carbone, qui permettent aux pays industrialisés de respecter seulement une partie de leurs engagements en investissant dans des projets de réductions dans des pays en développement. Dans une lettre adressée à la Première ministre, et dévoilée la semaine dernière par le Financial Times, le ministre des Finances Philip Hammond estime le coût total de la neutralité à £1.000 milliards et alerte sur une réduction de l’argent disponible pour d’autres domaines de dépenses publiques.