La candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika est confirmée, malgré la contestation à laquelle il fait face, inédite depuis son arrivée au pouvoir il y a 20 ans.

Des Algériens manifestent avec un drapeau de leur pays contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, à Annaba (nord-est), le 3 mars 2019 I AFP / STRINGER
La journée de dimanche était cruciale pour l’Algérie. Le camp présidentiel avait annoncé que le dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika serait bien déposé le 3 mars avant minuit, ultime jour du délai légal. Il n’était pas obligé de venir en personne le déposer. Le président est actuellement hospitalisé en Suisse depuis plusieurs jours. En fin d’après-midi, après lecture d’une lettre transmise et lue à la télévision nationale, l’actuel président a confirmé sa candidature à la prochaine présidentielle. Face à la juste contestation dont font preuve les Algériens, l’homme de 82 ans s’est engagé, s’il était élu le 18 avril prochain, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l’issue d’une présidentielle anticipée, dont la date serait fixée à l’issue d’une conférence nationale. Plusieurs fourgons supposés transporter les cartons de parrainages de la candidature de Bouteflika sont arrivés au Conseil constitutionnel à Alger, selon plusieurs médias algériens. Dans les fourgons, sans signe distinctif, étaient empilés des cartons blancs sur lesquels étaient inscrit en arabe Direction de campagne du candidat (…) Abdelaziz Bouteflika, a indiqué une de nos consœurs d’un média algérien. De tels fourgons avaient été vus à l’occasion du précédent scrutin en 2014, peu avant que le chef de l’Etat ne vienne en personne déposer son dossier au Conseil constitutionnel.
Depuis l’annonce de cette candidature à la présidentielle du 18 avril, la contestation a enflé. Vendredi, des manifestations monstres ont rassemblé à Alger et à travers le pays des dizaines de milliers de femmes et d’hommes de tous âges. Mais le président et ses partisans semblent décidés à ne pas céder à la rue. Les intérêts économiques sont tels que l’Oligarchie en place souhaite garder la main mise sur ses profits. Samedi, M. Bouteflika a publié son patrimoine, comme l’exige des candidats la loi électorale. Il a également limogé son directeur de campagne Abdelmalek Sellal, 70 ans, fidèle Premier ministre qui a dirigé ses trois précédentes campagnes, victorieuses (2004, 2009 et 2014). Il a été remplacé par Abdelghani Zaalane, ministre des Transports (54 ans), haut fonctionnaire issu de l’administration préfectorale, peu connu du grand public.
« Bouteflika, dégage!« , « Algérie libre et démocratique« , ont scandé les manifestants, de nombreux automobilistes klaxonnant au passage en signe de solidarité. Une centaine d’étudiants s’étaient réunis dans le centre de la capitale et de nombreux autres étaient rassemblés à l’intérieur de la Fac centrale, entourée de policiers.