Durant cette crise sanitaire et tant que les cinémas restent fermés, Quotidien Libre vous propose tous les mercredis une sélection de films disponibles sur les plateformes de streaming ou en VOD.
Blade Runner 2049, un film d’auteur au pays des blockbusters – Cette suite au classique de Ridley Scott – qui se situe 30 ans après l’original – fonctionne comme un voyage initiatique. Ryan Gosling incarne avec beaucoup de retenue et une puissance d’évocation certaine un Blade Runner toujours chargé de «retirer» (doux euphémisme pour dire «tuer») les Réplicants de la génération Nexus, qui sont revenus des colonies de l’espace pour se fondre parmi les Terriens. Gosling porte le film sur ses épaules. La quête qu’il entreprend est à la fois une recherche du temps perdu et une chasse à l’identité. Le premier film conservait un fond de mélancolie, une poésie et un spleen baudelairien même, qui se mariait bien avec ses interrogations philosophiques: la réalité est-elle ce qu’elle prétend être? Qu’est-ce qui fait de nous des humains? Dans le premier film, les Réplicants sont appelés des «gueules d’humains» ; dans Blade Runner 2049, on les traite comme des esclaves modernes. Sur le plan formel, le film de Villeneuve possède une beauté à couper le souffle. Il avance avec la lenteur calculée d’un film de Tarkovski, entre Stalker et Solaris, donnant parfois l’impression de jeter aux oubliettes les nécessités du cinéma hollywoodien contemporain, sa rapidité, ses scènes d’action explosives. Disponible sur Netflix
Liam Gallagher : As It Was, Don’t Comeback in Anger – Ce nouveau documentaire britannique, signé Gavin Fitzgerald et Charlie Lightening, s’attarde sur les années pendant lesquelles Liam Gallagher a été obligé de se réinventer. «Je fais ça pour la musique, pas pour la gloire ou l’argent», explique-t-il ainsi dans une séquence de 2017. Pourtant, il lui aura fallu quelques années pour retrouver son statut de rock star. Si le titre du film est un peu exagéré (Le Plus Grand Come-Back de l’histoire du rock’n’roll, vraiment?) la résurrection de Liam Gallagher est assez spectaculaire. «Je ne me voyais pas faire autre chose», répète le chanteur qu’on n’imaginait pas ouvrir une pizzeria après avoir arpenté les plus grandes scènes du monde avec Oasis. Fâché à mort avec son aîné qu’il n’a pas revu depuis 2009, Gallagher junior a traversé une crise personnelle profonde avant de rebondir, notamment à travers un douloureux divorce. Incapable de rester inactif, il a signé son retour avec Bold, une des rares chansons de sa composition, devenue virale sur internet. Bien vite, cela lui a valu un contrat d’enregistrement sous son seul nom, appuyé par une collaboratrice, Debbie, devenue sa compagne et son plus grand soutien, avec celui de sa mère, Margaret. Si le documentaire multiplie les scènes convenues, en studio comme sur scène, il contient de jolis moments, notamment ceux dans lesquels le fils prodigue se rend au domicile de celle-ci. «Je ne viens pas autant que je voudrais», dit-il. «Quand je ne serai plus là, ce sera trop tard», lui répond sa mère. Disponible sur Arte.tv et YouTube
Raoul Taburin a un secret, à bicyclette – C’est l’histoire d’un petit garçon devenu grand sans avoir réussi à faire du vélo. Un gamin marchand de cycles à Saint-Céron, incollable sur la manière de remettre à neuf n’importe quel «biclou», imbattable sur les roulements à billes, pignons, chambres à air, et autres pneus ballon ou boyaux… Avec son complice et ami Édouard Baer, qui incarne le photographe Hervé Figougne, Benoît Poelvoorde tient le film de bout en bout. Il crève l’écran et parvient à retranscrire fidèlement l’univers de Jean-Jacques Sempé. Entre rire, grâce et émotion, l’adaptation sensible du roman graphique de Sempé par Pierre Godeau se regarde comme une fine bulle de bonheur. Légère, hors du temps, irisée de mille et une couleurs, cette «bulle Taburin» emprunte les chemins parfois escarpés d’une France éternelle, ensoleillée et marquée par les Trente glorieuses. Tout cela aurait pu être traité avec un ton par trop enfantin, balourd, voire gnangnan. Il n’en est rien. Cette comédie file en danseuse tel un Eddy Merckx sur les routes du Tour. Le film dure 1 h 30. Une véritable prouesse de justesse, en ces temps d’inflation horaire, où les longs-métrages se boursoufflent à force de vouloir trop en montrer, trop en dire. Disponible sur MyCanal