Durant la crise sanitaire et la fermeture des cinémas, la rédaction de Quotidien Libre vous propose tous les mercredis une sélection de nouveautés disponibles sur les plateformes de streaming ou en VOD.
Birdman, ou comment distinguer réalité et fiction – Il y a beaucoup de couloirs, dans Birdman . La caméra les emprunte dans tous les sens. Elle suit les personnages, les précède, avec une fluidité qui sidère. Le film a l’air d’avoir été réalisé en une seule prise. C’est un leurre. La virtuosité d’Inarritu n’est pas une nouveauté. On ne quitte guère les coulisses d’un théâtre new-yorkais. Jadis, Riggan Thomson a été une superstar. Rappelez-vous, Birdman, c’était lui. Ce super-héros avait sa cohorte de fans. Pour lui, la franchise n’était pas une qualité humaine, mais ce qui permettait de tourner plusieurs films dans la même veine. Avant le n° 4, il a dit stop. Ce fut peut-être une erreur. Le public n’a pas suivi. Une seule solution pour redorer son blason: adapter Raymond Carver à Broadway. Thomson veut revenir par la grande porte. Le fossé est large, entre les blockbusters et le plus tchekovien des auteurs américains. La vedette sur le déclin s’y lance avec passion. Disponible à partir du 26 mars sur Amazon Prime
Et si c’était Le Coupable idéal ? – En Suède, Sture Bergwall est connu pour être un tueur en série sadique et cannibale. Au point d’être qualifié de Hannibal Lecter suédois. Entre 1994 et 2001, celui qui se faisait aussi appeler Thomas Quick a été condamné pour les meurtres de huit personnes. Mais ce sont ses aveux concernant vingt-cinq autres victimes, retrouvées en Suède, en Norvège, au Danemark et en Finlande, qui ont fait de lui une célébrité. En 2008, alors que l’assassin le plus redouté de Scandinavie est interné dans un hôpital psychiatrique, un journaliste décide de réexaminer ces affaires, les unes après les autres. Bergwall serait-il réellement l’auteur de ces crimes sanguinaires ? Tiré d’une histoire vraie, le film, sorti en 2020 et réalisé par Mikael Håfström, raconte le plus grand scandale judiciaire de l’histoire de la région. Disponible sur MyCanal
La Forme de l’eau, un conte enchanteur – Cette nuit-là, on amène au centre une sorte d’aquarium blindé sur roues. Enter the Ghost : à l’intérieur, un monstre marin, mi-homme mi-poisson, que les militaires américains viennent de capturer, et qu’on installe dans une piscine souterraine. Voilà une prise qui intrigue et inquiète. On est en 1962, en pleine guerre froide. Les Soviétiques s’intéressent également beaucoup à la mystérieuse créature. Mais personne n’est aussi subjugué qu’Elisa. Elle entend ses gémissements, son impuissance à communiquer, y reconnaît l’écho de sa solitude. Doucement, elle l’apprivoise, la nourrit, lui fait écouter les airs de comédie musicale qu’elle aime. Et décide, avec la complicité de Zelda, d’organiser son évasion. Tout cela au milieu des protocoles militaires, des scientifiques et des agents secrets. Ce film étrange, signé Guillermo Del Toro, prend tour à tour toutes les formes du spectacle hollywoodien. On passe avec une étonnante fluidité de la série B fantastique à la comédie musicale, de la science-fiction au drame social, de l’aventure policière au film d’espionnage satirique et au grand mélodrame amoureux. Les personnages de militaires ou d’espions sont des caricatures de pulp magazines, mais Elisa et son voisin et complice viennent des contes merveilleux, le monstre avec ses paillettes turquoise et mordorées ressemble à une vedette de ballet nautique. Mais de ces éléments disparates, fondus dans des éclairages sous-marins d’émeraude et de topaze, le cinéaste fait une somme de divertissement et de rêve d’un charme lyrique inédit. Disponible à partir du 26 mars sur Disney +