Dans un entretien accordé au magazine Zadig, Macron a fait part de son projet pour l’avenir de la France. Un projet ambitieux comme lors de sa campagne de 2017, à ceci près que les promesses électorales n’ont pas été tenues.
Parce que c’était son projet… un projet bâti autour de plusieurs piliers, notamment économique, judiciaire et sécuritaire à grands coups de réformes. Quatre ans après son arrivée à l’Elysée, Macron est loin du compte. Même si la crise sanitaire a sérieusement bouleversé les plans du chef de l’État, le bilan, a moins d’un an de la prochaine présidentielle, est loin d’être flatteur. Malgré les belles promesses de campagne d’un monde nouveau, bercé par les Bisounours de l’ultralibéralisme, Macron a presque tout raté. Point d’orgue de son échec retentissant : la manifestation des policiers la semaine dernière devant l’Assemblée nationale, où ils ont clairement pointé du doigt le laxisme judiciaire et les négligences du garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti ; deux institutions Françaises qui se renvoient la balle des responsabilités, communément appelé dysfonctionnement.
Pour illustrer ce déchirement il suffit d’observer la lutte contre les violences faites aux femmes. La prise en compte des féminicides, dont le pensionnaire de l’Elysée avait promis de faire l’une de ses causes prioritaires, est un fiasco. D’ailleurs les statistiques n’ont pas franchement baissé, bien au contraire : de 2015 à 2019 le nombre de féminicides en France est allé crescendo. Malgré une baisse en 2020, les violences faites aux femmes se poursuivent cette année 2021 et mettent en lumière les défaillances des différentes institutions de l’État.
Pour exemple cinglant, à Mérignac (Gironde) au début du mois de mai, un multirécidiviste a brûlé vive sa femme, après lui avoir tiré à plusieurs reprises dans les jambes. Un individu dangereux qui venait de sortir de prison quelques mois plus tôt, incarcéré pour des violences conjugales. Dans ce dossier un rapport d’étape de la mission d’inspection diligentée par les ministères de la Justice et de l’Intérieur a conclu à une suite de défaillance dans le suivi judiciaire du meurtrier alors qu’une plainte avait été déposée en mars dernier pour violence. Bis repetita : quelques jours plus tard, à Hayange (Moselle), Stéphanie Di Vincenzo a été tuée par son compagnon dans la nuit de dimanche à lundi en pleine rue, à quelques mètres du commissariat fermé. Là encore la victime avait déposé une main courante le 14 janvier 2020 et une plainte le 3 novembre à l’encontre de son conjoint pour violence verbale, harcèlement et menaces de mort. Lui aussi incarcéré, mais pour des délits routiers, avait formulé une demande d’aménagement de peine accordé en appel. Il avait ensuite été placé en détention à domicile sous surveillance électronique avec l’accord de sa compagne. Le symbole parfait pour démontrer que les quatre premières années du quinquennat Macron sont un échec ; de belles promesses sur le papier et d’énormes couacs sur le terrain.
Quel que soit le sujet, le concret attendra
Si la relance économique n’est pas pour tout de suite, la sécurité des Français aux oubliettes, l’appareil judiciaire, lui, est aux abonnés absents. Pire, alors que Macron avait promis des places de prison supplémentaires, à l’inverse, l’ancienne garde des sceaux, Nicole Belloubet, a préféré relâcher près de 10.000 détenus dans la nature à la faveur de la crise sanitaire. Avec un tel bilan, difficile de croire à un gouvernement de courant d’air. Pourtant dans un entretien accordé au magazine Zadig, le locataire de l’Élysée qui vise un renouvellement de bail, se dit très confiant dans la capacité des Français à repartir de l’avant… La période du covid doit, selon lui, forger un peuple et réinventer la civilisation. De quelle civilisation parle-t-il ? Finalement, un programme qui n’a ni queue ni tête. Si les Français vont certainement repartir de l’avant, il le feront, certes, mais sans Macron.
