Pour clôturer la grande consultation du Beauvau de la sécurité, le locataire de l’Elysée s’est rendu mardi à Roubaix (Nord) et a promis des changements radicaux. Une rampe de lancement régalienne en vue de la campagne présidentielle.
Un petit tour dans le Nord pour Macron… Mardi, le pensionnaire de l’Elysée s’est rendu à Roubaix pour signer la fin de la grande consultation du Beauvau de la sécurité. Lancé le 8 décembre 2020 pour donner suite à l’affaire Michel Zecler, ces états généraux ont donné lieu à neuf tables rondes pilotées par le ministère de l’Intérieur afin de tenter de conserver un semblant de lien entre les forces de l’ordre et la population. Neuf mois plus tard Macron a donc rendu sa copie lors d’un discours ampoulé tenu à la mi-journée à l’Ecole nationale de police de Roubaix. Il y a détaillé des annonces concernant essentiellement la vidéosurveillance, l’information et l’encadrement des forces de l’ordre mais aussi un contrôle externe et indépendant de l’action des forces de l’ordre en plus de l’IGPN. Globalement, des mesures de façade dans la continuité des précédentes prises de parole présidentielles, comme à Marseille il y a quelques jours. Des boniments et des millions d’euros débloqués pour lutter contre le trafic de drogue et les règlements de comptes avec un résultat nul ; si nul qu’après être parti de la cité phocéenne, les règlements de comptes mortels fusaient tel un aveu d’échec.
Dans le Sud ou dans le Nord, ce sont les coups de communication qui se sont enchaînés devant un parterre d’élus dont le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, potentiel adversaire de Macron lors de la prochaine présidentielle. L’occasion pour le chef de l’Etat et probable candidat à sa réélection d’affirmer ses positions sur le terrain de la sécurité régalienne, angle d’attaque des candidats de droite et du Rassemblement national. D’ailleurs à la veille de la venue de Macron, M. Bertrand y est allé de sa petite déclaration assassine dans la presse accusant ainsi le chef de l’État de ne pas avoir été capable de juguler la violence qui se développe. Il en a profité pour taxer d’échec profond du quinquennat sa politique en matière de sécurité. Difficile de donner tort à l’ancien assureur !
Ainsi, pour prévenir tout coup potentiel, Macron fait mine de prendre le sujet à bras le corp en lieu et place de son ministre de l’Intérieur, absent de l’ultime consultation, mais soulagé d’un autre poids autrement sensible. En effet, la juge d’instruction chargée de l’enquête visant Gérald Darmanin pour viol a prononcé début septembre la fin des investigations sans mettre en examen le locataire de la Place Beauvau, orientant le dossier vers un non-lieu. En ces temps difficiles, une mise en examen évitée pour le gouvernement est toujours bonne à prendre…
Soulagé mais sur la touche pour le Beauvau de la sécurité, Gérald Darmanin a tenté de se faire une place dans l’actualité en annonçant avoir engagé la dissolution de la Ligue de défense noire africaine qu’il a qualifiée d’organisation raciste, après qu’une trentaine de militants soient entrés samedi dernier dans la mairie de Val-de-Reuil (Eure) et aient agressé la maire. Du côté de Macron, la cape de candidat semble bel et bien posée sur ses épaules. Une tendance confirmée par un conseiller ministériel qui nous a affirmé qu’il était utile que Macron remonte au créneau sur ces sujets ; des motifs qui risquent d’être des points forts de la campagne. Par ailleurs le calendrier n’a rien d’anodin entre la rentrée politique du Rassemblement national en fin de semaine dernière, la sortie du livre d’Éric Zemmour et les offensives régaliennes des candidats de la droite. A sept mois seulement de l’élection présidentielle, Macron cherche à gagner en crédibilité mais en vain. Le chantier semble bien trop important pour parvenir à faire illusion.