Roms, Sinti, Manouches, Gitans et Voyageurs… « Barvalo », la nouvelle exposition présentée au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille, offre une expérience immersive dans l’histoire et la culture des Roms, également connus sous le nom de « Tziganes ».

En langue romani, barvalo signifie « riche » et, par extension, « fier ». Ce mot sert de titre à la nouvelle exposition du MuCEM, consacrée à l’histoire et à la diversité des populations romani d’Europe. Une histoire indissociable de celle de l’antitsiganisme, contre lequel ceux que l’on continue parfois d’appeler « Tsiganes » luttent depuis un millénaire.
Minorité ethnique, les Roms ont été persécutés en Europe pendant des siècles. Aujourd’hui, ils sont souvent victimes de discrimination et de préjugés, qui se traduisent par de nombreuses formes de violence et de marginalisation. « Barvalo » offre l’opportunité unique de découvrir l’histoire et la culture des Roms, ainsi que de réfléchir aux défis contemporains auxquels ils sont confrontés.
Cette exposition propose une exploration de l’histoire romani, depuis leur origine en Inde jusqu’à leur arrivée en Europe au XIVe siècle. Le grand public peut y découvrir les différentes traditions culturelles des Roms à travers des artefacts, des photographies et des vidéos. L’exposition met également en avant la contribution des Roms à la musique, à la danse et à la littérature, ainsi qu’à d’autres domaines artistiques.
« Barvalo », une réflexion sur l’anti-tsiganisme
Loin d’être un détail de l’histoire, l’anti-tsiganisme est une forme de discrimination systémique qui touche cette minorité ethnique depuis des siècles. Les visiteurs pourront comprendre les racines historiques de l’anti-tsiganisme, ainsi que les défis contemporains auxquels les Roms sont confrontés, tels que la discrimination à l’emploi, le harcèlement policier et l’intolérance dans les médias.
Depuis les premiers témoignages de leur arrivée en Europe jusqu’à nos jours, la première section de l’exposition met en lumière les ressorts par lesquels les persécutions contre les populations romani, culminant avec l’Holocauste, sont apparues et se perpétuent. En parallèle, cette partie de l’exposition montre aussi comment les groupes romani se sont exprimés, notamment au travers d’une langue commune, le romani, et ont revendiqué leurs droits dans ces situations d’oppression.
La seconde partie de l’exposition propose une réflexion sur les notions d’appartenance et d’identité, en prenant le parti d’inverser le regard du visiteur. C’est l’installation de l’artiste Gabi Jimenez, le Musée du gadjo : on y découvre la « gadjologie », une science imaginaire et parodique de l’Autre qui se ferait l’écho d’une perception romani.
Cet espace se présente sous la forme d’un diaporama consacré à la « culture gadjo », révélant ainsi l’absurdité de l’essentialisation de l’Autre quand elle est poussée à son extrême. Il questionne par ailleurs le rôle du musée d’ethnographie comme diffuseur d’une « vérité ».
Une expérience immersive
« Barvalo » réunit pas moins de 200 œuvres et documents (imprimés, vidéos et sonores) issus de collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, le Musée national d’Histoire naturelle à Paris, le musée d’ethnographie de Genève, les Staatliche Kunstsammlungen Dresden, le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, les Archives municipales de Marseille, la Médiathèque Matéo Maximoff, le musée de Grenoble, le musée national d’histoire et les Archives nationales de Roumanie, la Fondation Kai Dikhas, l’European Roma Institute for Arts and Culture de Berlin, le Dokumentations- und Kulturzentrum Deutscher Sinti und Roma de Heidelberg.
Parmi ces 200 œuvres, 62 proviennent des collections du MuCEM et 15 ont été spécialement conçues pour l’exposition et produites par le musée : 6 commandes à des artistes romani européens – Luna De Rosa (Italie), Gabi Jimenez et Marina Rosselle (France), Mitch Miller (Écosse), Emanuel Barica (Roumanie) – et 9 créations audiovisuelles (films, carte animée et son).
« Barvalo » a été conçu pour créer une atmosphère authentique. Les objets traditionnels et les représentations artistiques transportent le public dans l’univers romani. A découvrir !
« Barvalo » au MuCEM, 1 Esplanade J4 à Marseille (IIe). Ouvert tous les jours sauf le mardi. De 10h à 19h, du 10 mai au 7 juillet 2023 ; de 10h à 20h, du 8 juillet au 3 septembre 2023 ; de 10h à 19h le 4 septembre 2023. Expositions permanentes et temporaires, prix : 11 € / 7,50 € (valable pour la journée). L’accès aux expositions est gratuit pour toutes et tous, le premier dimanche de chaque mois. Gratuité des expositions pour les moins de 18 ans et les demandeurs d’emploi. L’accès aux espaces extérieurs et jardins du musée est libre et gratuit dans les horaires d’ouverture du site. Plus de renseignements ici