Loin des scores promis à Jean-Luc Mélenchon et à l’écologiste Yannick Jadot, le Parti Socialiste et la gauche parlementaire se partagent les miettes.
Il faudra un miracle au Parti socialiste pour survivre à cette élection présidentielle de 2022 et pour dépasser la barre des 5 %. Dans une vidéo de vœux signée du Parti Socialiste (PS) visionnée par moins de… 800 personnes, le parti politique de François Mitterrand tente de donner un élan à une campagne qui ne prend plus. A moins de quatre mois du premier tour – et alors que les sondages sont mauvais – le PS pourrait voir émerger une nouvelle difficulté : Christiane Taubira.
L’ex-ministre de François Hollande, accréditée d’une cote de popularité élevée dans le petit monde merveilleux des militants de la gauche parlementaire, a effet décidé de se présenter à la Primaire populaire. Une initiative de Primaire électorale qui se veut transpartisane à gauche et qui rassemblerait 300 000 personnes.
Cette Primaire populaire assez tardive est déjà « renforcée » de trois candidats : l’eurodéputé Pierre Larrouturou qui a navigué entre le Parti socialiste et les Verts jusqu’en 2013, et son ralliement au parti nouvelle Donne. Elu député sous l’étiquette PS Place publique en 2019, il affrontera Charlotte Marchandise, candidate inconnue étiquetée spécialiste en santé publique. Le troisième homme sera donc une femme : Christiane Taubira.
Cette dernière a annoncé dimanche qu’elle participerait à cette petite « sauterie électorale » (youhou !) qui se déroulera du 27 au 30 janvier 2022. Une participation qu’elle a déclaré à Bondy en Seine-Saint-Denis affirmant accepter le risque du verdict de la Primaire. Un risque mesuré toutefois puisqu’elle est la « grande » favorite.
Une annonce faite 24 heures après que la candidate Anne Hidalgo a annoncé qu’elle renonçait à ce scrutin – du moins pour le moment – car sans Les Verts et Yannick Jadot cette primaire n’aurait pas de sens pour donner un candidat unique.
La maire de Paris, qui enchaînent les âneries et un mépris certains pour les Parisiens, ne s’est cependant pas fermé toutes les portes puisque elle a dit vouloir faire le point ce samedi 15 janvier, au regard des éventuels nouveaux concurrents qui ne devraient pas être légion. Jean-Luc Mélenchon a toujours dit qu’il ne participerait pas à cette initiative, on peut le comprendre. Quant à Yannick Jadot, déjà passé par la case Primaire dans son parti, il y est très hostile. Il affirme avec transparence que cette Primaire n’a de populaire que le nom. Il a en outre évoqué des candidats providentiels qui arrivent sans l’ombre d’un projet. Et c’est là une vraie difficulté de cette Primaire tardive qui laissera seulement 8 semaines aux candidats et à ses troupes pour mobiliser les électeurs.
Côté sondage les perspectives pour Christiane Taubira comme pour Anne Hidalgo sont franchement moroses. Candidates concurrentes, elles sont créditées de moins de 5 points chacune. Si une seule d’entre elles y va, elle ne dépasse pas non plus les 5 %. Pour information, il s’agit là du seuil de remboursement des frais de campagne. C’est aujourd’hui l’objectif maximum que semble pouvoir viser ce segment de la gauche qui a été dévoré par Macron d’un côté, et grignoté par le développement d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et de France insoumise (LFI) de l’autre côté.
Différents choix sont encore à disposition du PS et d’Anne Hidalgo : se désister au profit de Christiane Taubira pour éviter une déculottée, ce qui consisterait néanmoins à un aveux d’impuissance, mais surtout, le Parti socialiste sortirait de la course à la magistrature suprême, élection à laquelle il a toujours participé depuis 1974. Se maintenir et faire un score inférieur à 5 % serait déplorable et risible également.
Encore puissant localement et à la tête de cinq régions métropolitaines, le PS va devoir trancher et peut-être déjà se tourner vers une stratégie de repli en direction des Législatives pour ne pas sombrer encore plus. Le parti mourant ne comptant désormais que 29 députés dans son groupe au Palais-Bourbon. Une hécatombe.