C’est une épate saisissante que la grotte Chauvet offre à ses visiteurs, au cœur d’un site de 14 hectares qui distille approches scientifique et empirique de la vie au Paléolithique supérieur.

Sitôt franchie l’entrée de Chauvet 2, le coffre bétonné qui abrite le fac-similé de la grotte originale est oublié tant la reproduction propose la même atmosphère qu’un milieu cavernicole, roches brillantes et stalactites comprises. Des concrétions que les artistes qui ont traversé la grotte n’ont pas connues : il y a 21 500 ans, l’entrée empruntée par les hommes, face au Pont d’Arc, subissait le dernier de ses trois effondrements, obstruant totalement la cavité. La vie cavernicole s’est poursuivie sans regard extérieur, jusqu’en décembre 1994.
Cette fermeture a aussi permis de conserver intactes ces créations humaines qui datent de 36 000 ans. La découverte a ainsi rompu la linéarité d’une histoire de l’art qui voyait, dans les dessins de la grotte de Lascaux, un aboutissement artistique, 18 000 ans plus tard. Or, les Aurignaciens ont prouvé, à Chauvet comme à la Baume Latrone, dans les gorges du Gardon, qu’ils possédaient déjà les techniques nécessaires à leur pleine expression artistique.
4 000 ossements et 208 crânes d’ours des cavernes retrouvés
La première partie du voyage s’intéresse aux ocres, à ces créations à base d’hématite chargée d’oxyde de fer. Les points-paume, obtenus grâce à la pression d’une main sur l’autre, font apparaître des ours des cavernes, occupants respectés dont l’hibernation a dessiné des bauges dans l’argile de la grotte. Des ours qui, parfois, ont altéré une fresque par le frottement de leur corps dans un milieu trop sombre pour se repérer à l’œil. 4 000 ossements et 208 crânes d’ours des cavernes ont été retrouvés dans la grotte originale, certains plantés au sol, matérialisant un cheminement pour les hommes.
Cette cohabitation, les hommes l’ont peinte, représentant parfois l’ours des cavernes avec des petits points qui avaient laissé conclure à une hyène. Mais ces points représentaient sans doute l’argile collée aux poils du plantigrade, après l’hibernation. Face aux 3,50 m de l’ours sur deux pattes, l’homme étendait son squelette d’1,80 m. De quoi le rendre modeste : l’ours n’a visiblement jamais été une proie représentée par ces hommes.
Et dans la « partie noire »
Après l’ocre, la deuxième partie des 3 500 m² du parcours présente la « partie noire » – celle dont les dessins utilisent le charbon de bois – ainsi que ceux réalisés directement dans la couche d’argile des parois. Le trait se fait plus fin, les détails morphologiques sont complétés par des vagues qui illustrent le mouvement, techniques picturales utilisées encore aujourd’hui.
Les deux plus belles fresques se situent dans cette deuxième partie de parcours, qui est aussi en bout de grotte originelle. Les portraits de lions, rhinocéros, aurochs, bisons ou chevaux voient leurs émotions reproduites par leurs portraitistes, alors que l’homme, jamais symbolisé de tête à pied, s’apparente à un triangle pelvien. Un début d’abstraction déjà visible sur des portraits d’animaux réduits à leur seule silhouette. A (re)découvrir !