Une fresque sur le patriarcat japonais, le mythe d’un jeune garçon, des fictions qui illustrent la condition ouvrière… Que faut-il voir cette semaine ? Découvrez notre sélection cinéma.
Freaks Out, drame fantastique de Gabriele Mainetti (2h21) – Quel cirque! C’est le cas de le dire. Sur la piste, se récapitulent d’étranges créatures. Il y a un nain magnétique et masturbateur, un loup-garou toujours plongé dans un livre et un albinos dompteur d’insectes (une exception: les abeilles). Notre préférence va à la fille électrique, qui allume des ampoules rien qu’en les glissant entre ses lèvres. Cette économie d’énergie n’était pas le principal souci des Romains en 1943. L’Italie était occupée. Ces distractions étaient les bienvenues pour les habitants. On en redemande. Ces 145 minutes ont l’air d’en durer trente. Les Américains ont du souci à avoir. Le spectacle n’est plus de leur côté. Tremble, Hollywood, Mainetti est à tes basques.
Icare, film d’animation de Carlo Vogele (1h16) – Comment raconter à nouveau le mythe d’Icare sans tomber dans la tragédie d’un garçon qui vola trop près du soleil à s’en brûler les ailes ? C’est le pari réussi du réalisateur luxembourgeois Carlo Vogele. Sans rien déflorer de l’intrigue, on est assez impressionné par la manière dont il apporte une touche de modernité à ce récit millénaire, transformant la tragédie du destin funeste d’Icare en une histoire d’amitié d’une grande douceur, traversé de fulgurances poétiques. Enfants et parents en sortiront charmés. C’est à n’en pas douter la marque d’un grand talent.
Aristocrats, drame de Yukiko Sode (2h05) – À 27 ans, Hanako est toujours célibataire. Une anomalie pour sa riche famille. Quand elle croit avoir trouvé un mari, elle s’aperçoit qu’il fréquente déjà une hôtesse, une provinciale venue étudier à Tokyo. La réalisatrice Yukiko Sode adapte un roman de Mariko Yamauchi pour peindre la domination masculine dans la société japonaise. Une intention louable, à découvrir.
Retour à Reims, film documentaire de Jean-Gabriel Périot (1h23) – Jean-Gabriel Périot transpose l’autobiographie du sociologue Didier Eribon. Plus que pour le texte jargonnant dit par Adèle Haenel («polarité structurante», «violence discursive»), le film vaut pour les extraits de reportages et de fictions qui illustrent la condition ouvrière. En particulier celle des femmes, victimes de leur sexe en plus de leur classe sociale.