Alors qu’un relâchement des mesures sanitaires est attendu prochainement, la crainte d’un phénomène de «décompensation», avec son lot d’excès et de violences, est agitée par une partie de l’exécutif.
Même drapés dans un manteau de précautions, la bande à Macron évoque depuis plusieurs jours une levée progressive des restrictions visant à lutter contre le covid. Invité de LCI ce 26 avril, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a confirmé que les restrictions de déplacement en France «doivent être levées» le 3 mai prochain. Un choix qui signifie la fin de la limite des 10 kilomètres et la permission de déplacement entre régions. Quant à Macron, il a évoqué un possible décalage du couvre-feu, alors qu’il était en visite dans une école de Seine-et-Marne. Concernant les très attendues reprises d’activité, la «première étape» se fera «à la mi-mai avec la réouverture de certains lieux qui ont été fermés, que les Français vont pouvoir retrouver», a également précisé Gabriel Attal. Certains commerces, lieux culturels et terrasses devraient donc pouvoir prochainement lever le rideau. Il faut dire que Jupiter n’avait pas voulu trop en demander aux Français le 13 avril : «mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les jours heureux. J’en ai la conviction.»
Un été aussi violent qu’un autre ?
L’euphorie vire même au lyrisme pour certaines personnalités qui gravitent autour du pensionnaire de l’Élysée. Comme l’a signalé France Inter lundi, «autour d’Emmanuel Macron, ils sont nombreux à imaginer une “Movida” à la française.» «Une période d’effervescence créatrice, d’insouciance, comme celle qu’avait connue l’Espagne à la mort de Franco», ajoute le média. Un enthousiasme que tempèrent d’autres proches du chef de l’État, qui craignent que cette période s’accompagne de violences. France Inter rappelle que Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, a alerté à propos d’un possible «phénomène de décompensation» avec son lot d’alcoolisation excessive et même d’agressions sexuelles. Michel Thooris, secrétaire général de France Police – Policiers en colère, ne croit guère à une hausse des débordements en France. Quoi qu’il en soit, dans l’entourage de Marlène Schiappa, on prépare des messages de prévention destinés en particulier à la jeunesse de France. Après plus d’un an au rythme des confinements et autres restrictions, le retour à la liberté pourrait faire penser à «quelqu’un qui est au régime et qu’on invite à un buffet gratuit», déclare un «proche du gouvernement» toujours cité par France Inter.
Une «tension extrême» dans la société
Comme le souligne France Inter, «au ministère de la Santé aussi, on anticipe les dégâts collatéraux : “la peur de l’inconnu, les angoisses”.» «Des gens qui pourraient souffrir d’un retour au travail trop brutal après des mois de chômage partiel, par exemple», estime un «intime de Jean Castex» cité par la radio publique. Après un été qui risque d’être chaud, c’est le mois de septembre et sa rentrée sociale qui promettent d’être explosifs. Pour le moment, Michel Thooris ne voit pas de signaux qui laissent penser qu’un mouvement d’une ampleur comparable à celle atteinte par les Gilets jaunes en décembre 2018 pourrait voir le jour.
En revanche, il est évident que la société française fait l’objet d’une tension extrême, d’un niveau que l’on avait plus observé depuis la Seconde Guerre mondiale. La moindre orientation politique contestée pourrait faire office d’étincelle et allumer une contestation sociale aux conséquences catastrophiques d’un point de vie sécuritaire,
analyse-t-il.
Ce dernier convoque notamment le souvenir du 1er décembre, qui avait vu Paris être le théâtre de nombreuses violences dans le sillage de la mobilisation des Gilets jaunes. Le samedi suivant avait également été très tendu sur la capitale. Ce jour-là, un hélicoptère était même prêt à exfiltrer Emmanuel Macron. Si le policier estime difficile de définir un calendrier de l’explosion sociale qu’il voit venir, il estime que 2021, dernière année avant l’élection présidentielle de 2022, ne sera pas propice à l’émergence d’un fort mouvement contestataire. Cependant, l’automne suivant pourrait bien être celui de tous les dangers : «Les prochains mois seront calmes en termes de réformes et d’orientation politiques. Je ne vois pas Emmanuel Macron et Jean Castex mettre sur la table des réformes clivantes juste avant l’élection. Si je devais me risquer à un pronostic, je dirais que septembre 2022 sera plus à risque», conclut-il.