A la suite de protestations du syndicat de commissaires de la police nationale sur le contenu de ce jeu valorisant, selon eux, l’action violente, l’enseigne a décidé de retirer le produit de ses rayons.

Il n’y aura pas d’«Antifa» sous le sapin, du moins pas via la Fnac. Comme le rapporte entre autres La Dépêche du Midi, le jeu de société «Antifa, le jeu» n’est plus en vente sur le site de l’enseigne en raison d’une vive polémique. Réédité et disponible à nouveau depuis le 10 novembre dernier après son succès initial, le jeu, créé par le site antifasciste «La Horde» et les éditions Libertalia et décrit comme un «jeu de simulation et de gestion dans lequel vous faites vivre un groupe antifasciste local», s’est en effet attiré les foudres de syndicats policiers.
Parmi les scénarios auxquels les joueurs peuvent être confrontés figurent notamment «Des fachos déclenchent une bagarre dans un bar». Les joueurs doivent alors décider de la meilleure méthode à adopter pour réagir : concert de soutien, tractage ou encore «action offensive».
Le 27 novembre, le syndicat de commissaires de la police nationale (SCPN) a alerté sur le contenu du jeu. «Fnac, un commentaire pour ainsi mettre en avant les antifas qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations ?», a ainsi interpellé l’organisation syndicale.
Ce « jeu » est en vente à la Fnac. @Fnac un commentaire pour ainsi mettre en avant les antifas, qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations? #Police #antifa pic.twitter.com/gR6jNXyCKR
— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) November 26, 2022
Un député LR s’était insurgé contre la valorisation de l’action violente faite à travers ce jeu de société. «Case 1 : « Je bloque une fac » ; Case 2 : « Je tabasse un militant de droite » ; Case 3 : « J’attaque un meeting du RN » ; Case 4 : « Je lance un cocktail Molotov sur les CRS' »», avait relevé l’élu de la Gironde. «La Fnac, vous n’avez pas honte ?», avait-il lancé à l’enseigne de produits culturels.
Face à la polémique, l’entreprise a annoncé dans la soirée du 27 novembre, sur Twitter, qu’elle allait «faire le nécessaire» pour que le produit ne soit plus disponible, en expliquant comprendre «que la commercialisation de ce « jeu » ait pu heurter certains de nos publics».
Les créateurs du jeu dénoncent «des allégations mensongères de l’extrême-droite»
Si le retrait du jeu a été salué, il a en revanche suscité l’incompréhension et la colère de certaines organisations de gauche, à l’image du collectif Action Antifasciste Paris-Banlieue qui a dénoncé une «censure». «Vous vendez ce « livre » qui a inspiré Brenton Tarrant à commettre une tuerie de masse raciste en Nouvelle-Zélande, allez-vous aussi le censurer ?», a-t-il réagi en faisant référence au Grand remplacement de Renaud Camus et en ironisant sur l’emploi de guillemets par la Fnac au sujet du jeu controversé.
«Vous ne nous ferez pas taire !», ont proclamé pour leur part les éditions Libertalia en fustigeant la décision de la Fnac, prise selon elles sur la base «d’allégations mensongères émanant des forces de répression».
Plusieurs personnalités politiques de gauche ont également pris position dans cette polémique, dont le député insoumis Thomas Portes. «Quelle honte», a-t-il déploré en reprochant à la Fnac d’avoir cédé à la pression. Sa collègue de Seine-Maritime Alma Dufour a, quant à elle, estimé que le jeu était… une bonne «idée cadeau de Noël».