À 50 jours du premier tour de l’élection présidentielle, General Electric a compris que, derrière EDF, Macron était prêt à lui racheter les turbines Arabelle à n’importe quel prix.
1,2 milliard de dollars pour acheter la branche énergie d’Alstom ? Voilà le véritable prix de vente dévoilé par nos confrères du Canard Enchaîné dont devra s’acquitter EDF pour faire revenir en France les fameuses turbines Arabelle qui équipent les centrales nucléaires françaises.
C’est bien plus que les quelque 240 millions d’euros évoqués dans la presse via certaines fuites intentionnelles. Mais il y a plus critique, le véritable montant qui représente plus d’un milliard d’euros est deux fois supérieur au prix de vente d’Alstom à General Electric il y a 7 ans, pour une entreprise amputée d’un quart de sa valeur.
Le chef de l’Etat a signé l’autorisation du départ des turbines Arabelle à destination des États-Unis lorsqu’il était ministre de l’Économie en 2015. Deux ans plus tôt, en qualité de secrétaire général adjoint de l’Élysée, l’ancien banquier et haut fonctionnaire avait demandé au cabinet américain A.T. Kearney d’étudier la vente d’Alstom à General Electric. Ne pas faire un pas sans demander son avis à un cabinet de conseil, voilà sans doute le secret qui vaut à Macron d’être présenté en 2017 comme le Mozart de la finance.
Cinq ans plus tard, le chef de l’État cherche un second souffle. Et quoi de mieux pour remobiliser ses troupes, ses soutiens que de faire turbiner le monde des affaires en sens inverse. Surtout lorsqu’on imagine ainsi faire coup double en se débarrassant aux yeux des électeurs d’un scandale d’État. Le 10 février dernier, Macron pensait y être parvenu. Lors de sa visite à l’usine Framatome à Belfort, Jean-Pierre Chevènement était présent à la rescousse. Le président de la République s’est entouré de cette figure emblématique de la gauche et de la région comme un choix stratégique pour que ce dernier lui chante des louanges. Il avait su jadis, selon lui, mouillé la chemise dans ce dossier. Jérôme Pécresse, l’époux de la candidate LR, s’en souvient-il ?
Mais les efforts restent insuffisants pour General Electric qui ne semble pas aussi pressé que le président sortant. En réalité le contrat avec EDF ne devrait pas être signé avant un an. Les récentes annonces d’un rachat s’appuient simplement sur un protocole d’accord. Rien de certains, ni de concluants donc, si ce n’est qu’à l’arrivée EDF, dont l’État est actionnaire majoritaire, se soumettra aux décisions de l’Élysée. Le gouvernement avait déjà chargé la barque de l’entreprise, il y a quelques mois, en la forçant d’assumer le coup pharaonique de la hausse des prix de l’électricité. S’il n’est pas réélu, Emmanuel Macron pourra se consoler. Il sera devenu l’homme qui valait un milliard.