Durcir les restrictions ou assouplir les règles ? Chaque semaine voire chaque jour sont l’occasion d’un nouveau son de cloche. Alors que la tendance était à la relâche, un nouveau confinement ciblé à Nice et sur le littoral des Alpes-Maritimes vient remettre une pièce dans la machine à interdire. [Décryptage]
Alors que la tendance semblait être à l’apaisement dans les mesures de restriction des libertés, ce début de semaine semble indiquer un méchant retour de bâton. Dimanche dernier, Gabriel Attal, l’enjoué toutou porte-parole du gouvernement, de passage à la télévision, a affirmé que depuis quelques jours les chiffres sont mauvais et que la tendance n’est pas au desserrement des restrictions et des contraintes. Le porte-voix de la macronie a ainsi pris la parole un jour après le ministre de la Santé, Olivier Véran qui, lui, était de passage à Nice la veille, ville où il a demandé au préfet et aux élus locaux de prendre des mesures complémentaires à celles déjà en vigueur. Une décentralisation qui n’en est toujours pas une puisque la décision vient du sommet de l’Etat et laisse une toute petite marge de manœuvre aux élus qui, pour certains, à l’image du très opportuniste Christian Estrosi, s’exécutent avec plaisir.
![[Reconfinement] Quand les porte-flingues de Macron tirent à vue](https://www.quotidien-libre.fr/wp-content/uploads/2021/04/jkuyhuhy.png)
Résultat : depuis lundi, le couperet est tombé. Un confinement local à Nice et sur le littoral des Alpes-Maritimes est valable pour un minimum de deux week-ends, qui s’ajoute à la fermeture par le préfet des commerces de plus de 5 000 m2. Mesures ciblées ou avant-goût de ce qui pourrait toucher d’autres parties du pays ? A en croire la très douce fin de semaine que les Français ont vécu, et les sorties de nombreux d’entre nous, nous pouvons imaginer que le couperet va tomber sur la relâche des gestes barrières des citoyens, et que de nouvelles annonces de restrictions liberticides toucheront d’autres régions et grandes agglomérations.
Cette situation singulière nourrie de couvre-feux et de confinements, mais aussi d’état d’urgence lourds et permanents ne fait toujours pas l’objet – on s’en étonne – d’une vive opposition en France. Mais ici et là, des voix discordantes commencent à se faire entendre et surtout, à en croire une récente étude OpinionWay commandée par Le Monde et Cevipof, les peuples européens – la France en tête – commencent à fortement se lasser de cette situation. Dans le pays, l’évolution du sentiment de morosité serait ainsi passé de 22 % il y a 1 an à 34 % en février 2021, le sentiment de lassitude, lui, de 28 à 41 %. Des chiffres qui pourraient alarmer la majorité et qui ont aussi replacé la question de la quiétude économique au cœur des problèmes des Français avec 54 % d’interrogés assez inquiets et 39 % très inquiets de l’avenir.
Ces chiffres ne laissent pas de place à l’optimisme, d’où une inquiétude et une perte de confiance qui s’expliquent notamment en France par les changements de « cap » de la bande à Macron en matière de stratégie dont la question du port du masque est le plus emblématique. La France est d’ailleurs en tête devant l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni concernant le sentiment de défiance à l’égard du ministère de la santé, mais aussi concernant la peur de voir les dirigeants profiter de l’occasion pour surveiller les citoyens. Une défiance qui pourrait se manifester par un rejet radical de Macron dans les urnes. Si les Régionales et Départementales ne sont qu’une étape intermédiaire dans le calendrier, ces scrutins sont néanmoins une indication grandeur nature de l’état de l’opinion française. En cas de maintien des mesures liberticides et de détérioration de la vie des citoyens et de l’opinion, le locataire de l’Élysée peut voir sa présence au second tour de l’élection présidentielle de 2022 remise en cause. Il l’aura bien cherché.
