Alors que les conséquences économiques des fermetures d’établissements se font sentir dans le pays, le service public anticipe un déferlement de chômeurs en 2021. Seule chose, personne ne semble en mesure de gérer cet afflux.
Un petit tour à Pôle emploi en 2021 ? Après la période des fêtes de fin d’année durant laquelle les Français ont tenté de penser à autre chose qu’à l’actualité morose liée au covid-19, la réalité devrait rapidement rattraper du monde. Voilà maintenant presque un an que la France est frappée par une crise sanitaire engendrant des conséquences économiques désastreuses et qui ne devrait plus tarder à exploser. A ce titre, les services de Pôle Emploi ne cachent pas leurs inquiétudes quant à une déferlante qu’ils voient arriver dès le premier trimestre. Pour appuyer ces craintes, ils font part d’une recrudescence de plans de sauvegarde de l’emploi : Nokia, Renault, Auchan, Bridgestone, Airbus ou encore Alinea et Camaïeu ne sont que des exemples parmi tant d’autres.
Depuis l’été dernier, plans sociaux, fermetures d’usines et annonces de suppressions de postes se succèdent à un rythme inquiétant, le tout sans compter les petites et moyennes entreprises de nombreux secteurs condamnés à mort comme la restauration, l’hôtellerie, le tourisme, l’aérien ou encore l’événementiel. Des prévisions catastrophiques pour le moment, camouflées par un « quoi qu’il en coûte » présidentiel borné et malsain.
Entre le dispositif exceptionnel de chômage partiel, les fonds débloqués pour soutenir les indépendants, le report du paiement des charges sociales, les mécanismes de garantie de prêt bancaire pour les entreprises et les plans de soutien spécifique aux secteurs les plus touchés, l’addition qui se compte déjà en dizaines de milliards d’euros a permis de limiter la casse sur le front de l’emploi. Mais si le gouvernement a établi un véritable bouclier d’aides jusqu’à présent, ce dernier ne sera pas éternel, et les garrots administrés ici et là ne suffiront pas à endiguer l’hémorragie qui se profile.
En premier lieu parce que de nombreuses entreprises survivent artificiellement mais seront obligées de mettre la clé sous la porte au moment où le respirateur sera débranché. On devrait également assister à un retour de nombreux demandeurs d’emploi qui ont été tentés de se mettre en retrait du marché du travail afin de limiter les risques d’exposition au virus. Ayant stoppé leur recherche ces dernier mois, ils n’apparaissent plus dans les chiffres du chômage car ils ne sont pas dans un cadre de recherche active, mais ils reviendront sur le marché du travail et gonfleront mécaniquement le taux de chômage. Selon des calculs de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), leur nombre est estimé à 620 000 environ.
Deux vagues devraient probablement se superposer et déferler sur le service de Pôle Emploi en France. Selon les calculs de la Banque de France, le taux de chômage pourrait ainsi remonter à 11 % au premier semestre 2021. Pas tout à fait le pire niveau du pays, mais pas loin. Cette prévision pourrait même être revue à la hausse puisque son calcul a été fait avant l’annonce du second confinement. De quoi faire craindre le pire et rien ne garantit que les services de Pôle Emploi soient en capacité d’accueillir autant de nouveaux venus. Déjà débordé et inefficace hors temps de crise, le service public pourrait tout simplement se noyer. Ce n’est pas l’embauche de quelques nouveaux fonctionnaires qui devrait changer la donne.