Tel un enfant de cinq ans, François Hollande déteste tout le monde et il l’écrit dans un livre paru en milieu de semaine. L’ancien président le plus impopulaire de la Ve République tire sur tout ce qui bouge. [Focus]
Certains présidents de la République passent leur retraite devant les tribunaux, d’autres dans les librairies… Si le procès Sarkozy défraye la chronique doté d’un acharnement judiciaire déroutant à l’égard de l’ancien président de droite, son successeur de gauche, François Hollande, s’amuse, crâne et publie une comptine vitriolée dans laquelle il tire à boulet rouge sur tout ce qui bouge. L’ouvrage répondant au titre benêt d’« Affronter », paru aux éditions Stock, n’épargne personne. Et c’est plutôt drôle : Macron, qui lui a chourré la place à l’Élysée, est qualifié comme « sautant d’une conviction à l’autre comme une grenouille sur des nénuphars ». S’estimant trahi par le quadragénaire « diabolique » de la politique – qu’il a cru un temps social-démocrate comme lui – l’ancien locataire de la rue Saint-Honoré est amer. Homme d’esprit, il décrit également l’ancien Premier ministre devenu maire du Havre, Edouard Philippe, comme étant « un personnage relevant plus de l’impressionnisme brumeux que de la parole politique ». Hollande dit, timidement, prendre sa part dans l’état actuel de la France mais se montre particulièrement virulent au sujet de sa famille politique, qu’il a tout de même bien aidé à se noyer. L’ancien patron du Parti socialiste mourant affirme même revendiquer son bilan sans que l’on comprenne trop ce qu’il y a à revendiquer et d’ajouter qu’il n’a pas de revanche à prendre. Bref…
A l’approche de la présidentielle en 2022, les candidatures de gauche sont qualifiées par l’ancien chef d’État de « candidatures lilliputiennes, évoquant des batailles picrocholines entre les différentes personnalités », égratignant au passage son ancien ministre de l’économie devenu vendeur de miel et de crèmes glacées, Arnaud Montebourg, qualifié de « Zorro de la politique qui pourrait finir en zozo ».
Finalement, Hollande est un homme de son temps. Il déteste les siens et préfère les autres. Ainsi trouve-t-il plus de qualité à son ancien adversaire qu’à ses lieutenants d’hier. Sarkozy est ainsi dépeint sympathiquement; un président malheureux, « un concurrent battu mais un battant exceptionnel aux ressources inépuisables ». Il salue même son attitude lors de la crise de 2008 et se montre assez critique sur l’acharnement judiciaire dont il est l’objet.
Des égards envers Sarko qu’il n’a cependant pas au sujet du phénomène politique du moment, Éric Zemmour, à propos duquel il affirme « n’est pas Trump qui veut même en miniature », et de comparer le potentiel candidat à la présidentielle à Nigel Farage qui, il faut le rappeler, est aussi passé des foules cathodiques aux campagnes électorales. Il affirme par ailleurs que dénoncer les présidents est à la portée du premier polémiste venu quand devenir président est une autre affaire. Cocasse chassé-croisé entre les deux hommes, Zemmour tentant de passer de polémiste à politique quand Hollande fait le chemin inverse et prouve que cela est possible au moins dans ce sens.
Si Hollande a bien compris quelque chose et le démontre à travers son « abécédaire » rancunier, c’est que rien n’est jamais perdu en politique et surtout pas pour lui ; lui, l’homme affublé à vie d’un profil traîne-moquette de haut fonctionnaire pantouflard plus que de chef d’État, d’où un certain suspense sur la suite des événements. Oui, parce que s’il considère qu’aujourd’hui il y a une candidature au Parti socialiste, c’est celle de l’âne de Paris, Anne Hidalgo – son ex-compagne soit dit en passant. En tout cas, il n’affirme jamais qu’il ne reviendra pas dans le jeu politique, lui qui fut élu par défaut après la chute du sulfureux Dominique Strauss-Kahn et son affaire de zizi et le rejet du style Sarkozy, aidé, il faut le souligner, par les médias français de service public. A bon entendeur…