Vote le plus attendu ce lundi, la motion de censure transpartisane déposée par le groupe Liot a recueilli 278 voix, et échoue donc à atteindre le seuil de la majorité requise, à neuf voix près (287).

La motion de censure transpartisane, présentée aujourd’hui par le centriste Charles de Courson, n’a recueilli que 278 votes favorables. Il en aurait fallu 287, soit la majorité absolue des sièges de l’Assemblée nationale, pour parvenir à faire tomber le gouvernement et par la même occasion, à rejeter la réforme des retraites après le recours jeudi dernier par Élisabeth Borne à l’article 49.3 de la Constitution.
Malgré les votes des députés de la NUPES, du Rassemblement national, d’une majorité des parlementaires du groupe LIOT, d’une partie des Républicains et de certains non-inscrits, le texte qui inquiétait depuis quelques jours l’exécutif et sa majorité relative n’a pas été adopté. Et la réforme a donc désormais de très grandes chances d’être promulguée, avant même le vote de la motion de censure du Rassemblement national, qu’une majorité de parlementaires ne voteront pas.
Ces derniers jours, tous les regards étaient braqués sur les élus LR. Après que certains d’entre eux ont poussé le gouvernement à «passer en force» pour faire adopter ce projet de loi, les députés de droite allaient-ils être un nombre significatif à voter la motion de censure transpartisane ?
La pression sur l’exécutif était montée d’un cran ce lundi matin, lorsque Aurélien Pradié, Pierre-Henri Dumont et Maxime Minot ont annoncé qu’ils voteraient en faveur de ce texte. «Tout repose sur eux», espérait, mi-surexcité mi-anxieux un député de la Nupes dans la matinée. Finalement, les députés LR n’auront donc pas fait le compte.
La pression était pourtant montée tout au long de la journée. Avec comme point d’orgue le discours d’Aurore Bergé, patronne du groupe Renaissance, très acerbe vis-à-vis des Républicains. «Elle va tous les convaincre de voter la censure», s’inquiète, à ce moment-là, une parlementaire de son camp. Au cours des diverses prises de parole, les élus du camp présidentiel ayant fait le déplacement – il n’y a pas de vote contre pour une motion de censure, donc nul besoin d’être présent – font d’ailleurs grise mine. Certains pianotent fébrilement sur leur téléphone portable pendant que d’autres écoutent calmement, les bras croisés, les orateurs.
«Si votre gouvernement tombait, les Français seraient soulagés»
À la tribune, Charles de Courson (LIOT) dénonce « les manœuvres du gouvernement pour contourner et contraindre le débat parlementaire». Laure Lavalette (RN) évoque de son côté une «crise politique » : « Quelle que soit l’issue de ce vote, vous aurez échoué à convaincre les Français ». Mathilde Panot également, s’en prend vertement à l’exécutif.
#MotiondeCensure @C_deCourson : la fin de son discours coupé car à débordé les 10 minutes allouées @franceinfo @EnvoyeSpecial pic.twitter.com/pbVyH6CyNJ
— Valérie Astruc (@ValerieAstruc) March 20, 2023
« Il faut vous censurer pour l’intérêt de tous. (…) Si votre gouvernement tombait ce soir, les Français seraient tout simplement soulagés ». Même le patron des députés LR, Olivier Marleix, pourtant favorable à cette réforme, a la dent dure. Il dénonce l’absence de « dialogue social » avant de lancer : « Le bras d’honneur, Madame la première ministre, n’est pas une méthode de gouvernement ».
La censure n’est finalement pas votée, la réforme des retraites va être considérée comme adoptée. Mais malgré cela, ce scrutin laissera des traces indélébiles dans le camp présidentiel. « Il entérine presque définitivement l’illégitimité de notre gouvernement », avoue, amère, un poids-lourd Renaissance à la sortie de l’Assemblée nationale. Cet autre député de la majorité abonde : « L’écart n’est pas suffisamment grand pour se rassurer pour la suite. On parle déjà d’une démission d’Elisabeth Borne que le président n’accepterait pas. »