Le gouvernement dirigé par Michel Barnier, fruit d’un compromis fragile entre les macronistes et Les Républicains, fait ses premiers pas ce lundi. À peine formé, l’attelage semble déjà vaciller, sous le poids des critiques et d’une possible motion de censure.
Le gouvernement doit faire face à plusieurs priorités urgentes, à commencer par le dépôt du projet de loi de finances pour 2025, tout en menant de front des dossiers économiques décisifs. Entre la gestion des dossiers urgents et la nécessité de maintenir la cohésion d’une coalition déjà mise à l’épreuve, le Premier ministre et son équipe ont une marge de manœuvre étroite.
Les premiers tests, notamment sur la loi de finances et l’assurance chômage, pourraient rapidement déterminer la longévité de ce gouvernement déjà sous tension.
Un lancement marqué par les négociations difficiles
Après deux semaines de tractations intenses, Michel Barnier a finalement réussi à composer son équipe ministérielle. Cette alliance entre les macronistes et la droite républicaine a néanmoins suscité des inquiétudes quant à sa stabilité et son efficacité. La menace d’une censure se profile déjà à l’horizon, portée par une opposition qui critique la composition hétérogène du gouvernement et ses premières annonces. Le dépôt du projet de loi de finances 2025, l’une des premières étapes de ce nouveau gouvernement, cristallise particulièrement l’attention.
Le pouvoir d’achat ? Une priorité incontournable
Au sommet des préoccupations, le pouvoir d’achat reste le sujet le plus pressant pour les Français. Conscient de cette urgence, Michel Barnier a promis de prendre des mesures pour améliorer le niveau de vie des ménages. Parmi les solutions envisagées, un éventuel coup de pouce au salaire minimum (Smic) est sur la table. Toutefois, cette hausse pourrait être couplée à une révision des allégements de cotisations patronales sur les bas salaires, un système que certains chefs d’entreprise jugent dissuasif pour augmenter leurs employés.
L’assurance chômage, ce chantier sous tension
Autre dossier brûlant : l’assurance chômage. La réforme, suspendue au soir du premier tour des législatives, fait son retour au cœur des débats. La modification des conditions d’accès et des règles d’indemnisation, perçue comme trop sévère par ses détracteurs, devra être discutée avant l’échéance du 31 octobre, date à laquelle les règles actuelles prendront fin.
La nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, s’était auparavant prononcée contre cette réforme, plaidant plutôt pour la valorisation des métiers délaissés et la suppression des obstacles structurels à l’emploi, tels que le manque de formation ou de solutions de garde d’enfants. Sa position sera scrutée avec attention, notamment pour évaluer si elle maintiendra sa ligne ou s’adaptera aux nouvelles priorités gouvernementales.
La réforme des retraites : entre abrogation et amendements
La réforme des retraites, récemment adoptée sous le gouvernement précédent, reste un autre sujet de discorde majeur. Bien que le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire appellent à son abrogation pure et simple, Michel Barnier a déclaré vouloir « améliorer » la réforme, tout en maintenant le cadre financier en place. Il a également exprimé sa volonté de travailler main dans la main avec les partenaires sociaux pour parvenir à un consensus sur les ajustements à apporter.
D’autres dossiers en suspens ?
Outre ces réformes structurantes, le Premier ministre devra remettre sur les rails plusieurs projets législatifs interrompus par la dissolution du précédent Parlement, en particulier la loi d’orientation agricole. Élaborée en réponse à la crise agricole de l’hiver dernier, cette loi figure parmi les priorités de Michel Barnier, alors que le secteur agricole continue de faire face à des défis majeurs, notamment en matière de financement et de sécurité alimentaire.