Après une mobilisation globale en demi-teinte le 28 mars dernier, l’intersyndicale veut croire en un nouvel élan alors que se tient, ce jeudi 6 avril, la 11e journée de grève contre la réforme des retraites. Celle-ci a lieu alors que l’exécutif ne parvient pas à sortir du blocage, malgré la rencontre opérée la veille entre Elisabeth Borne et les différentes organisations syndicales.

Après une 10e journée de grève contre la réforme des retraites, mardi 28 mars, la deuxième plus grosse de la série à Paris mais marquée par un mouvement en repli ailleurs, la France s’apprête à vivre aujourd’hui, jeudi 6 avril, un 11e round.
Alors que plusieurs rassemblements sont prévus à travers tout le pays, la manifestation parisienne, avec la crainte de heurts qui l’accompagne, sera très observée. Dans la capitale, le cortège partira ainsi de la place des Invalides (7e), à 14h, pour rejoindre la place d’Italie (13e) en fin d’après-midi.
Contrairement aux précédentes journées de grève, les transports publics franciliens devraient fonctionner «normalement». La RATP a en effet annoncé un trafic «quasi normal» sur les réseaux métro et RER et «normal» sur les réseaux Bus et tramway. De son côté, la SNCF prévoit un trafic «perturbé» sur la majorité de ses lignes.
11.500 policiers et gendarmes, 4.200 à Paris
Lors de la dernière journée de mobilisation fin mars, entre 740.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, et 2 millions, selon la CGT, ont manifesté en France. Si la mobilisation globale était en baisse, notamment par rapport à celle du 23 mars, les jeunes se sont montrés en revanche plus présents.
Concernant ce «11e acte», entre 500 et 1.000 black blocs sont par ailleurs attendus à Paris, selon la direction du renseignement de la préfecture de police. Dans ce contexte, Gérald Darmanin a annoncé le déploiement de 11.500 policiers et gendarmes partout sur le territoire, dont 4.200 à Paris. Le but, a précisé le ministre de l’Intérieur, étant «d’encadrer les cortèges, permettre la liberté de manifester et assurer la sécurité des personnes et des biens».
Au total, depuis le 16 mars et le début des tensions dans les manifestations en raison du recours par le gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites, 1 .851 personnes ont été interpellées, 299 atteintes contre des institutions publiques et 132 attaques de permanences parlementaires ont été recensées. A ce bilan, s’ajoutent des «dégradations majeures», dont 2.500 feux dans la rue, 58 véhicules et 13 bâtiments incendiés.
Fiasco entre Borne et les partenaires sociaux
Signe que le climat social est loin d’être apaisé, cette nouvelle journée de mobilisation intervient enfin au lendemain d’une rencontre entre la Première ministre Elisabeth Borne et les organisations syndicales qui si elle avait pour but de sortir de la crise a tourné au fiasco.
Ce «court» entretien, d’une heure à peine, n’a ainsi débouché sur aucune annonce concrète, l’intersyndicale fustigeant même une «déconnexion» et «une crise démocratique» dans le refus de la locataire de Matignon de retirer un texte contesté par une large majorité des Français. «Nous avons redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autres issues démocratiques que le retrait du texte. La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte, une décision grave», a notamment déclaré Cyril Chabanier, patron de la CFTC.
De son côté, Sophie Binet, qui participera d’ailleurs ce jeudi pour la première fois à la manifestation en qualité de nouvelle secrétaire générale de la CGT, a elle affirmé que «le gouvernement ne pourra pas gouverner le pays tant que cette réforme ne sera pas retirée».
Un apaisement incertain de la situation
Ainsi confronté à un «refus catégorique» de négociation de la part de l’intersyndicale s’il ne retire pas son texte, le gouvernement espérait pouvoir jouer la carte de «l’apaisement». Mais l’accalmie souhaitée reste très incertaine, en dépit du discours rassurant de la Première ministre.
«C’était important dans le moment que vit notre pays que l’on puisse se parler. C’est ce que l’on a pu faire. Chaque organisation syndicale a pu s’exprimer, on voit que nous avons un désaccord sur l’âge, on voit aussi qu’il y a de nombreux sujets dont nous partageons l’importance et nous pourrons rediscuter ultérieurement», a ainsi déclaré Elisabeth Borne après sa rencontre avec l’intersyndicale.
Si elle ne compte pas reculer, la chef du gouvernement a tenu à souligner qu’elle «n’envisage pas d’avancer sans les partenaires sociaux» sur d’autres sujets liés au travail.